mercredi 23 novembre 2011

StumbleUpon
0 Dévaluation du Franc CFA un Scénario Possible

Par Paristocrate:
L’Equateur et le Cameroun ont tous deux été colonisés, l’un par l’Espagne l’autre par la France, l’Allemagne et l’Angleterre. Les deux pays sont extrêmement dépendent de leurs exportations de pétrole, de bananes et de café ; l’équateur est dollarisé et le Cameroun à sa monnaie arrimée à l’Euro. C’est sur cet ensemble de similitudes que je voudrais m’appuyer pour interpréter les récents événements en Grèce et l’instabilité de l’Euro.


En Janvier 2009 l'Equateur a annoncé une série stricte de restrictions à l'importation sur 630 lignes tarifaires, touchant 8,7 pour cent de son «univers tarifaire» et 23 pour cent du volume des importations. Les droits ont été augmentés sur 369 lignes tarifaires et des restrictions imposées sur 271 autres pour une période d'un an. Ces restrictions couvrent des produits allant des aliments transformés, des chaussures aux voitures, téléphones mobiles et des lunettes de soleil, ainsi que de nombreux autres produits pouvant être fabriqués en Equateur.[Lire en intégralité ici]

De telles mesures avaient été prises pour faire à son déficit commercial que la crise avait propulsé à des sommets. En effet, 45% des exportations de l’équateur sont destinées vers l’Amérique ; au pic de la récession de 2009, la consommation Américaine à son plus bas, l’équateur a du faire face à une chute drastique de ses exportations. Au courant de la même période, le pétrole, une de ses sources de revenus les plus importantes, est passé de 145 dollars le baril à 35 dollars le baril.

Sur la base de ce scenario, prenant en compte que le Cameroun et les pays zone CEMAC exportent environ 65% de leur production vers l’Europe et que l’essentiel des réserves de change à la BEAC proviennent des ventes de pétrole des Etats membres.

Si la crise en Grèce ou dans les PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) est mal contenue, l’Euro va entrer dans un vortex qui pourrait bien être son dernier. Ce tourbillon d’instabilité entrainera une forte dépréciation de l’Euro par rapport aux autres devises. Or, une dépréciation de l’Euro signifie de facto une dépréciation du FCFA.

La crise en Europe provoquerait une baisse drastique des prix du pétrole et de la demande pour les produits de la CEMAC. Et, Notre panier d’importations étant majoritairement constitué de produits dont la demande est quasi-inélastique, il diminuerait de très peu.

L’ensemble de ces événements, combiné à une dépréciation du franc CFA entrainerait une vidange rapide des réserves de change, culminant avec un déficit commercial dont la dimension dépendra de la sévérité de la crise en Europe. Dans ces conditions, la France se retrouverait avec plus de francs CFA que le marché n’en demande et la BEAC à cours de réserves serait incapable de les racheter. Face à cette situation, la parité Euro-FCFA serait insoutenable.

Trois avenues s’offriront aux Etats de la CEMAC : suspendre les importations sur certains produits comme l’a fait l’équateur, passer à régime de change variable et laisser le marché décider de la parité, ou alors, dévaluer le franc CFA pour refléter le nouvel équilibre du marché.

Les importations des pays de la CEMAC, étant pour l’essentiel constituées de produits dont la demande est quasi-inélastique, c’est-à dire de produits dont il serait difficile de s’en passer, une suspension des importations, aurait l’effet contraire à celui escompté : les entreprises n’auront pas les inputs nécessaires pour assurer la production, les consommateurs n’auront pas sur le marché les produits qui leurs sont vitaux : le résultat sera probablement une baise de la production, une augmentation du taux de chômage et une crise économique certaine.

Si par contre la CEMAC optait pour un taux de change flottant, alors les risques des Etats particulièrement le risque souverain, entrerait dans l’appréciation du taux de change par les marchés. N’ayant plus la garantie de la France, le franc CFA pourrait dégringoler pour atteindre des niveaux dangereux bas, ou on pourrait voir la valeur des biens économiques des nations de la CEMAC s’évaporer très vite.

Dans ces conditions, la dévaluation du franc CFA par les autorités françaises serait la solution la plus plausible. La chute des prix dans la zone CEMAC susciterait une augmentation de la demande pour les produits de cette zone et par ricochet une augmentation de la demande des francs CFA. Cette situation permettrait à la France de se libérer du Surplus de CFA dont elle dispose, et à la BEAC d’obtenir les devises nécessaires pour maintenir la parité Euro-CFA.

La crise dans les PIIGS et en Europe, l’instabilité de l’Euro et les prix du baril de pétrole, sont les piliers sur lesquels repose la parité Europe-CFA et ils pourraient bien s’effondrer.


Republié-2010


StumbleUpon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire