Le débat entre les Stimulateurs – partisans d’une politique fiscale expansionniste- et les austériens – partisans d’un politique fiscale austère- continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
D’un côté de la table on a les keynésiens, avec comme figure de proue : Paul Krugman, Brad Delong, James Galbraith, Mark Thoma, Martin Wolf et Nouriel Roubini ; d’un autre côté on a les austériens dont les leaders sont Niall Ferguson, Tyler Cowen, Martin Feldstein, John Taylor, Robert Barro, Raghu Rajan et leur nouvelle recru le professeur Kenneth Rogoff.
La question qui les anime est celle de savoir si dans les conditions actuelles – taux de Chômage élevé, dettes Etatiques à des niveaux record, faible croissance économique- les gouvernements devraient mener une politique fiscale expansionniste ou alors réduire leurs dépenses.
Pour les keynésiens, la réponse est claire : pour répondre à un cycle économique décroissant, l’Etat devrait prendre temporairement la relève du secteur privé pour booster la demande agrégée. Cette position est renforcée par une série d’éléments conjoncturels :
1. Les Banques Centrales pour la plupart pratique la politique du ZIRP: Les taux d’intérêts étant quasiment à zéro, la politique monétaire n’a presque plus de traction, la banques centrales se sont déjà engagées dans des mesures exceptionnelles et non-conventionnelles de quantitative easing et, les armes qui leurs restent, sont toutes dangereuses et promettent des résultats incertains.
2. La déflation et non l’inflation est la menace la plus dangereuse a court-terme : toute déflation implique une baisse des prix auxquels les produits manufacturés sont vendus ; dans le contexte actuel, cette baisse de prix signifie également une baisse de revenues. Les prix auxquels les produits sont vendus ainsi que les quantités, influencent la demande de main d’œuvre. Cette relation est mise en évidence par la courbe de Philip qui montre que toute déflation s’accompagne toujours d’une augmentation ou au mieux une stagnation du chômage.
3. Les plans de relances engagés en 2009 sont en train de s’estomper et la reprise économique pourrait être altérer : les plans de relances engagés par les Etats en 2009 sont reconnus pour avoir été déterminants pour éviter une autre grande dépression. Mais, si l’économie a évité la catastrophe, les stimulateurs pensent qu’elle reste fragile et que le risque d’un « double dip » continue de planer. Au lieu sevrer l’économie de toute aide, il faudrait selon les pro-stimulus, continuer de la soutenir jusqu'à ce qu’elle reprenne son plein envol.
4. Les grandes économies sont dans une trappe à liquidité et dans ce contexte, beaucoup de principes économiques fonctionnent à la reverse : « la vertu devient le vice : essayer d’épargner plus nous rend plus pauvre, à la fois à court et à long-terme (paradoxe de l’épargne ou de thrift). La prudence devient la folie : une stricte détermination à équilibrer les budgets et éviter les risques d’inflation est la route vers le désastre. Le mercantilisme marche : les pays qui subventionnent les exports et restreignent les imports gagnent au détriment de leurs partenaires commerciaux [Paul Krugman].
En d’autres termes, selon Paul Krugman, dans les conditions actuelles, restriction égale destruction et stimulation égale production.
5. Le passé est prologue, mais pas aujourd’hui: L’ensemble des évidences empiriques pouvant servir de guide pour la situation actuelle est totalement inadéquat. Car dans chacun des cas, les plans d’austérités étaient accompagnés soit d’un surplus commercial soit d’une forte baisse des taux d’intérêts. Ces conditions sont difficilement satisfaisables dans en ce moment.
Voila quelques des éléments qui, selon les stimulateurs, justifient la nécessité de l’intervention des Etats pour booster la demande agrégée et relancer l’économie.
Mais, il n’ya pas que les stimulateurs qui font la causette, les austériens font également partie du débat et c’est avec une approche totalement différente qu’ils abordent cette discussion :
1. 90% le ratio dette/PIB qui est le seuil fatale de la dette souveraine : Selon le célèbre livre publié par le professeur Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart il existe une corrélation élevée entre un ratio de dette/PIB supérieure à 90% et une faible croissance économique. Par conséquent, les Etats devraient mettre une halte à tous programmes de dépenses et s’atteler à réduire la dette publique.
2. Hier la dette était locale et l’économie fermée, aujourd’hui la dette est internationale et l’économie ouverte : Selon l’historien économiste Niall Ferguson, hier les déficits publics étaient financés par l’épargne locale et les économies étaient fermés ; l’argent des plans de relances n’avait pas de chance de flotter à l’extérieur des frontières nationales. Aujourd’hui, les déficits sont financés par la dette extérieure et les économies étant ouvertes, tout plan de relance locale suintera vers l’extérieur. (parlant particulièrement des USA)
3. L’histoire ne se répète peut être pas, mais elle rime certainement : Les pays qui se sont aventurés à gérer des déficits énormes en temps de paix, n’ont pas pu échapper aux choix difficiles qui se sont présentés à eux : les prêteurs internationaux ont dû faire face à des défauts de paiements et les préteurs locaux se sont vus dévaliser par l’inflation.
4. Le marché a besoin d’être rassuré : les investisseurs voient la taille de la dette souveraine comme une source de risque systémique. Ils ne voient aucun élément qui puisse justifier qu’en temps de paix, on ait des déficits comparables à ceux des temps de guerre. Ils sont besoins que les grandes nations les rassurent, qu’elles sont prêtes à prendre les mesures nécessaires pour réduire leurs dettes.
En réalité, il ne s’agit pas d’un débat entre stimulateurs et austériens : il s’agit d’un débat entre les théoriciens de l’économie et les historiens de l’économie ; il s’agit de savoir si l’histoire de l’économie est le meilleur guides pour aujourd’hui et demain, ou si alors, les conclusions théoriques sont les meilleures guide pour aujourd’hui et demain. Il s’agit de faire le choix entre une douleur certaine aujourd’hui (chômage élevé) ou des difficultés incertaines demain (Inflation, défaut de paiement). Il s’agit simplement de la suite du débat entre Paul Krugman et Niall Fergusson.
D’un côté de la table on a les keynésiens, avec comme figure de proue : Paul Krugman, Brad Delong, James Galbraith, Mark Thoma, Martin Wolf et Nouriel Roubini ; d’un autre côté on a les austériens dont les leaders sont Niall Ferguson, Tyler Cowen, Martin Feldstein, John Taylor, Robert Barro, Raghu Rajan et leur nouvelle recru le professeur Kenneth Rogoff.
La question qui les anime est celle de savoir si dans les conditions actuelles – taux de Chômage élevé, dettes Etatiques à des niveaux record, faible croissance économique- les gouvernements devraient mener une politique fiscale expansionniste ou alors réduire leurs dépenses.
Pour les keynésiens, la réponse est claire : pour répondre à un cycle économique décroissant, l’Etat devrait prendre temporairement la relève du secteur privé pour booster la demande agrégée. Cette position est renforcée par une série d’éléments conjoncturels :
1. Les Banques Centrales pour la plupart pratique la politique du ZIRP: Les taux d’intérêts étant quasiment à zéro, la politique monétaire n’a presque plus de traction, la banques centrales se sont déjà engagées dans des mesures exceptionnelles et non-conventionnelles de quantitative easing et, les armes qui leurs restent, sont toutes dangereuses et promettent des résultats incertains.
2. La déflation et non l’inflation est la menace la plus dangereuse a court-terme : toute déflation implique une baisse des prix auxquels les produits manufacturés sont vendus ; dans le contexte actuel, cette baisse de prix signifie également une baisse de revenues. Les prix auxquels les produits sont vendus ainsi que les quantités, influencent la demande de main d’œuvre. Cette relation est mise en évidence par la courbe de Philip qui montre que toute déflation s’accompagne toujours d’une augmentation ou au mieux une stagnation du chômage.
3. Les plans de relances engagés en 2009 sont en train de s’estomper et la reprise économique pourrait être altérer : les plans de relances engagés par les Etats en 2009 sont reconnus pour avoir été déterminants pour éviter une autre grande dépression. Mais, si l’économie a évité la catastrophe, les stimulateurs pensent qu’elle reste fragile et que le risque d’un « double dip » continue de planer. Au lieu sevrer l’économie de toute aide, il faudrait selon les pro-stimulus, continuer de la soutenir jusqu'à ce qu’elle reprenne son plein envol.
4. Les grandes économies sont dans une trappe à liquidité et dans ce contexte, beaucoup de principes économiques fonctionnent à la reverse : « la vertu devient le vice : essayer d’épargner plus nous rend plus pauvre, à la fois à court et à long-terme (paradoxe de l’épargne ou de thrift). La prudence devient la folie : une stricte détermination à équilibrer les budgets et éviter les risques d’inflation est la route vers le désastre. Le mercantilisme marche : les pays qui subventionnent les exports et restreignent les imports gagnent au détriment de leurs partenaires commerciaux [Paul Krugman].
En d’autres termes, selon Paul Krugman, dans les conditions actuelles, restriction égale destruction et stimulation égale production.
5. Le passé est prologue, mais pas aujourd’hui: L’ensemble des évidences empiriques pouvant servir de guide pour la situation actuelle est totalement inadéquat. Car dans chacun des cas, les plans d’austérités étaient accompagnés soit d’un surplus commercial soit d’une forte baisse des taux d’intérêts. Ces conditions sont difficilement satisfaisables dans en ce moment.
Voila quelques des éléments qui, selon les stimulateurs, justifient la nécessité de l’intervention des Etats pour booster la demande agrégée et relancer l’économie.
Mais, il n’ya pas que les stimulateurs qui font la causette, les austériens font également partie du débat et c’est avec une approche totalement différente qu’ils abordent cette discussion :
1. 90% le ratio dette/PIB qui est le seuil fatale de la dette souveraine : Selon le célèbre livre publié par le professeur Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart il existe une corrélation élevée entre un ratio de dette/PIB supérieure à 90% et une faible croissance économique. Par conséquent, les Etats devraient mettre une halte à tous programmes de dépenses et s’atteler à réduire la dette publique.
2. Hier la dette était locale et l’économie fermée, aujourd’hui la dette est internationale et l’économie ouverte : Selon l’historien économiste Niall Ferguson, hier les déficits publics étaient financés par l’épargne locale et les économies étaient fermés ; l’argent des plans de relances n’avait pas de chance de flotter à l’extérieur des frontières nationales. Aujourd’hui, les déficits sont financés par la dette extérieure et les économies étant ouvertes, tout plan de relance locale suintera vers l’extérieur. (parlant particulièrement des USA)
3. L’histoire ne se répète peut être pas, mais elle rime certainement : Les pays qui se sont aventurés à gérer des déficits énormes en temps de paix, n’ont pas pu échapper aux choix difficiles qui se sont présentés à eux : les prêteurs internationaux ont dû faire face à des défauts de paiements et les préteurs locaux se sont vus dévaliser par l’inflation.
4. Le marché a besoin d’être rassuré : les investisseurs voient la taille de la dette souveraine comme une source de risque systémique. Ils ne voient aucun élément qui puisse justifier qu’en temps de paix, on ait des déficits comparables à ceux des temps de guerre. Ils sont besoins que les grandes nations les rassurent, qu’elles sont prêtes à prendre les mesures nécessaires pour réduire leurs dettes.
En réalité, il ne s’agit pas d’un débat entre stimulateurs et austériens : il s’agit d’un débat entre les théoriciens de l’économie et les historiens de l’économie ; il s’agit de savoir si l’histoire de l’économie est le meilleur guides pour aujourd’hui et demain, ou si alors, les conclusions théoriques sont les meilleures guide pour aujourd’hui et demain. Il s’agit de faire le choix entre une douleur certaine aujourd’hui (chômage élevé) ou des difficultés incertaines demain (Inflation, défaut de paiement). Il s’agit simplement de la suite du débat entre Paul Krugman et Niall Fergusson.
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1 commentaire:
Que faut-il faire dans les pays comme le notre, ou l'Etat n'a ni capacité de stimuler, ni le pouvoir de réduire les dépenses, car l'un comme l'autre le placerait automatiquement dans une position extrêmement délicate:
1. Pour stimuler il faut emprunter, et emprunter dans un pays ou la corruption est élevé, les investissements mal gérés et le paiement de la dette pas toujours suivi, emprunter dans un tel pays n'est pas une solution louable.
2. Si L'Etat réduit ses dépenses, il ne fera rien d'autres que réduire ses propres recettes, car au Cameroun, l'Etat représente près de 70% de l'activité formelle.
Mais pour ce qui est de la scène internationale, je ne vois comment est-ce que réduire les dépenses de l’Etat est une mesure expansionniste. Ce serait bien de l’expliquer.
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