samedi 11 septembre 2010

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0 Franc CFA : Une Bombe à Retardement

Par Paristocrate:
Il y’a un peu plus de 8 ans aujourd’hui, le 1er janvier 2002, l’euro était officiellement mis en circulation sous sa forme fiduciaire . Pendant que les Européens se réjouissaient de l’accomplissement de leur projet de monnaie unique, les américains eux, s’interrogeaient sur la viabilité de celle-ci.

A la mise en place de l’Euro le célèbre économiste et prix Nobel Milton Friedman avait assuré que celle-ci ne survivrait pas sa première crise, car pour lui, une condition sine qua non à la mise en place d’une monnaie unique est la capacité pour les Etats membres, de s’ajuster aux chocs asymétriques. D’autres comme Barry Eichengreen, ont émis des doutes car, pour eux, si un pays membre arrivait à constater au cours d’une crise qu’il faudrait quitter la monnaie unique pour profiter d’une dévaluation de sa monnaie, il serait presqu’impossible de la faire à cause de ce qu’il appelle « Assaut sur les banques »-tout le monde essaye de retirer son argent au même moment. Et, Paul Krugman, encore professeur au MIT, prédisait comme un prophète, le scenario qu’est en train de vivre l’Euro dans un article intitule : The Euro : Beware of what you wish for.

Aujourd’hui, la crise grecque, l’endettement des Etats, le non-respect des accords de Maastricht, le manque de coordination et d’entente entre les pays leaders et les pays suiveurs de l’Union Européenne face à la crise en Grèce, semblent avoir donné raison aux critiques. Ces événements et observations semblent avoir réveillé les vieux démons et ramené sur le tapis, le débat sur la pertinence de l’euro. Martin Feldstein suggere que la Grèce se retire de l’Euro, Paul Krugman, se servant de l’expérience de la crise en Argentine, affirme qu’en imposant des mesures de Corralito comme ce fut le cas en 2001 en Argentine, le gouvernement Grecque pourrait empêcher un assaut sur les banques, et de ce fait, l’argument émit pas Barry Eichengreen est désormais sujet à débat.

Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne –CEMAC et CEDEAO- se trouve à mi-chemin sur le trajet qu’a emprunté l union Europe il y’a plus d’une décennie. Face au tumulte dans l’UE, il est peut être temps de faire une halte et de se demander si la zone CFA est une zone monétaire optimale au sens économique ou alors une simple ambition politique ou pire, un simple fruit de l’héritage colonial.

Selon l’économiste et prix Nobel 1999 Robert Mundell, les critères nécessaires à la mise en place d’une monnaie unique sont les suivants :

1. La flexibilité des prix et des salaires.
Quand les prix et les salaires sont flexibles, les ajustements en cas de perturbations, sont moins susceptibles d’être associés a une élévation du chômage dans un pays et/ou une augmentation de l’inflation dans un autre. Ceci, en retour, diminuerait le besoin d’ajuster le taux de change nominal. Dans le cas contraire, si les prix et salaires nominaux sont rigides, c’est-a-dire il n’est possible de les ajuster rapidement vers le bas, le pays en crise ne pourront pas jouir de la flexibilité du taux de change car ayant abandonné sa monnaie, il n’aura plus se privilège. Dans ce cas, la monnaie unique représentera un coût.

Concretement: Si la Grèce tenait encore sa monnaie nationale, au lieu de recourir à un emprunt auprès du FMI et auprès des membres de l’Union Européenne, elle aurait dévaluée le Drachma-sa monnaie avant adhésion a l’Euro. La dévaluation du Drachma aurait permit de retrouver sa compétitivité international et d’améliorer sa balance de paiement et son déficit.

2. La mobilité des facteurs de production et du facteur travail.
Une grande intégration des facteurs de marché dans un groupe de pays partenaires peut réduire le besoin d’altérer les prix des facteurs réels et le taux de change nominal entre les pays, en réponse à des perturbations économiques. (Mundell (1961)).

Concretement: Le chômage en Grèce a dépassé la barre des 20%, si la mobilité était possible dans l’Union Européenne, les chômeurs Grecques seraient allés travailler en France ou en Allemagne ou encore dans un autre pays de l’Union. Mais la langue et dans certains cas la xénophobie dans les pays de l’union Européenne, rendent la mobilité du facteur travail extrêmement difficile.

3. L’intégration du marché financier
Selon Ingram (1962), l’intégration du marché financier permet de réduire le besoin d’ajustements du taux de change. Il permet entre autre, d’amortir temporairement les perturbations défavorables à travers l’entrée des capitaux- en empruntant des zones à surplus, ou en décumulant l’excès d’investissements étrangers d’une zone, qui pourront ensuite être reconduit après les chocs.

4. Le dégrée d’ouverture économique
Selon Mckinnon (1963), plus le pays est ouvert, plus le changement des prix internationaux impacteront directement ou indirectement les prix locaux- c’est- à -dire à l’intérieur de la zone monétaire. Ainsi, la dévaluation se ferait plus vite à travers les prix des produits marchands et le coût de vie. Cette répercussion des changements des prix internationaux sur le prix locaux, rendrait le taux de change moins utile en tant qu’instrument d’ajustement.

5. La diversification dans la production et la consommation
Une grande diversification dans la production et la consommation, de même que dans les exports et imports, dilue l’impact possible des chocs spécifiques à un secteur en particulier. Par conséquent, la diversification réduirait le besoin de changement des termes d’échange au travers du taux de change nominal, et, fournirait à la zone une protection contre un certain nombre de perturbations.

6. Un taux d’inflation similaires
Une balance externe déséquilibrée peut subvenir de la différence du niveau d’inflation nationale des pays de la zone monétaire. Ceci résulterait en : des disparités de développement structurelles, des différences dans les politiques économiques, des différences dans les préférences sociales (exemple : la crainte de l’inflation).

Concretement: lors de la crise Grecque, la Grèce souhaitait une inflation élevé, et l’Allemagne réputée pour ses produits bon marche, souhaitait elle, une inflation basse.

7. Une intégration Fiscale
Une intégration fiscale, permettrait une réallocation des fonds des pays les moins affectés, vers les pays membres les plus affectés par les chocs asymétriques. Ceci en retour, réduirait le besoin d’ajustement à travers le taux d’échange nominal.

Toujours lors de la crise Grecque, alors que la Grèce était en difficultés de paiement, l’Allemagne elle, gérait un énorme surplus. L’Union Européenne n’étant pas une union fiscale, il n’était pas possible de rediriger le surplus de l’Allemagne vers la Grèce.

8. Une intégration Politique
La volonté d’une intégration politique est regardée par certains, comme l’élément le plus important d’un projet d’union monétaire. Elle permet d’encourager entre autres, le respect des engagements communs, coopération durable sur des politiques économiques variées, et promeut un renforcement des liens entre les institutions des pays membres.

Concretement: Durant la crise Grecque, alors que Angela Merkel souhait voir la Grèce quitter temporairement l’Union Européenne ou recourir aux fonds d’aide du FMI, pour Nicholas Sarkozy, il était inconcevable qu’un membre de l’union aille demander de l’aide au FMI alors les pays de l’union ont la capacité de lui venir en aide.


Comme je l’ai dit plus haut, les zones CEMAC et CEDEAO sont à mi-chemin, de la voie qu’a emprunte l’Union Européenne il ya 8ans. Au regarde des critères à remplir pour justifier l’établissement d’une monnaie unique, les zones CEMAC et CEDEAO, m’apparaissent comme n’étant pas des zone monétaire optimales. Le franc CFA, n’a pas de pertinence économique.

L’adhésion à la monnaie unique constitue un danger dont la manifestation risque de déstabiliser l’Afrique Subsaharien et plus précisément les pays de la zone franc. Au lieu d’avance comme des troupeaux allant à l’abattoir, il est peut être temps de faire un halte et de repense notre idée d’union monétaire.


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