Par Paristocrate:
Paul Biya, après 30ans de votre gouvernance, Nous sommes lasse d’être de
cette jeunesse qui tient sa bouche fermée et sa gorge serrée ; Nous sommes
lasse d’être de cette jeunesse qui murmure sa souffrance dans les chaumières parce
que privée d’en parler à la lumière ; Nous sommes lasse d’être de cette
jeunesse qui se contente de la débrouillardise parce qu’on lui a inculqué qu’il
ne fallait pas avoir de grands rêves ; Nous sommes lasse d’être de cette
jeunesse qui meurt en mer, parce qu’elle refuse de se mourir en sa terre
natale ; Nous sommes lasse d’être de cette jeunesse dont l’ambition
principale se limite à nourrir son homme dans un pays aussi riche que le nôtre.
A Propos de la paix
Tranquillité, stabilité, sérénité, calme, paix : Tels sont les slogans
qui, au fil des années, ont été scandés pour justifier l’idée selon laquelle
vous étiez un mal nécessaire, un moindre mal.
A chaque élection, pour nous intimider tacitement, vous parlez de la paix. Vous
prenez le grand soin de nous envoyer le message subliminal selon lequel, l’alternative
à vous c’est la guerre.
Mais nous le savons tous, la paix qui devient le garant de la démocratie, c’est
l’arme qui devient garant de la paix ; c’est que la démocratie a cessé
d’exister, c’est que le peuple a le choix entre le bulletin vert et le bulletin
rouge du « Mobutisme » ; c’est que le peuple a été privé de
choix.
Jean Jacques Rousseau dans le Contrat Social, nous avait pourtant prévenu : « On dira que le despote assure à ses sujets la
tranquillité civile; soit: mais qu'y gagnent-ils, (…), si son insatiable
avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient
leurs dissensions? Qu'y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de
leurs misères? On vit tranquille aussi dans les cachots: en est-ce assez pour
s'y trouver bien? Les Grecs enfermés dans l'antre du Cyclope y vivaient
tranquilles, en attendant que leur tour vint d'être dévorés.»
Pendant des
décennies, vous avez réussi par votre indifférence, à nous faire croire que
vous nous apportiez la tranquillité civile; Pendant plus de trente ans, vous
nous avez psychologiquement, forcé à croire que cette tranquillité civile
justifiait votre despotisme machiavélique; Pendant près d’un demi-siècle, vous
nous avez convaincu, bon gré mal gré, qu’être esclave d’un maitre docile justifiait
l’esclavage, et valait beaucoup mieux que se révolter pour la liberté. Pendant
trop longtemps, vous n’avez fait croire avec beaucoup de succès, que vivre
tranquille était synonyme de vivre bien.
Tout au long de
votre long règne, vous nous avez ligotés aux lianes de votre avidité pour le
pouvoir, et vous nous avez enfermés dans la cellule de nos peurs.
Mais comme le
prédit la loi d’Hubert Stein : « Si quelque chose ne pas
continuer perpétuellement, elle s’arrêtera». Et puisque vous nous pouvez tromper
perpétuellement le peuple camerounais, il s’émancipera.
Comme l’a dit Abraham
Lincoln: « Vous pouvez tromper une un partie du peuple tout le temps,
vous pouvez tromper tout le peuple un partie du temps, mais vous ne pouvez
tromper tout le peuple tout le temps.».
Sachez que nous savons désormais, que même dans nos prisons les plus rudes à
Tcholere, on vit tranquille, on vit en paix ; Nous savons désormais, que
vivre tranquille ou vivre en paix, n’est pas synonyme de vivre bien ; Nous
savons désormais, que le choix que vous
nous offrez n’est pas entre vivre tranquille ou vivre en guerre, mais entre vivre
tranquille ou vivre bien. Enfin, nous savons désormais, qu’il ne faut pas vivre
tranquille pour vivre bien, mais qu’il faut vivre bien pour vivre tranquille.
Aujourd’hui, soucieux de l’avenir de leurs générations, inquiet du devenir
de cette nation, les Camerounais se posent une question lancinante et poignante,
une question qu’ils auraient dû se poser il y’a belle lurette : Que vaut une
vie tranquille si elle n’est pas vécu ?
Le peuple
camerounais est repus vos tromperies : La bouchée que vous voulez nous
forcer à avaler, risque d’être la bouchée de trop, elle risque d’être gerber
sous la forme d’une révolte qui ne s’arrêtera qu’avec votre déguerpissement. Et
quand nous disons révolte, nous pensons
de préférence au printemps arabe. Toutefois, même si nous devions donner
chacune de nos vies pour que nos enfants puissent vivre libres et bien, nous
sommes nombreux à y être prêt, car il n’y’a pas de vie sans liberté et être
esclave s’est être mort.
Depuis votre ascension au pouvoir, vous nous avez embrigadés dans ces
slogans poreux. Depuis votre ascension au pouvoir, vous nous avez fait boire à
la coupe des illusions et vous nous avez fait manger à la table de votre seule
ambition.
Mais désormais et s’il le faut, le peuple est prêt à choisir le carton
rouge pour arriver au carton vert ; le peuple est désormais prêt a peu de révolte
pour un peu de pain ; le peuple est désormais prêt a un peu de désordre
pou un peu de bien-être.
Toute chose a un temps, votre règne aussi.
A Propos des Emeutes de la
faim
En février 2008, vous avez tenu un discours à la jeunesse. Alors que je
vous écoutais, espérant que pour une fois vous feriez preuve de compassion,
j’ai écouté en vain. Nulle part tout au long de votre discours, vous n’avez eu
un mot de compassion pour les pères et mères, frères et sœurs, qui ont perdu
des membres de leur famille lors des émeutes de la faim.
Quiconque se souvient de ces évènements et quiconque témoigne de la dureté
de la vie que ces parents endurent non seulement pour tolérer votre népotisme,
mais aussi votre despotisme, ne peut manquer d’avoir un pincement au cœur.
Pincement dont la douleur fut plus accrue, lorsque le 4 aout 2009, de tous les
présidents africains, vous étiez l’un des rares à souhaiter un joyeux
anniversaire au président Barack Obama.
Vous vous souvenez de la date d’anniversaire du président Américain parce
qu’elle sert vos intérêts, mais les parents dont les enfants ont été tués sous
votre règne, vous oubliez leur douleur parce que vous n’y avez aucun intérêt.
J’imagine, vous nous diriez certainement qu’ils étaient des délinquants ;
qu’ils avaient commis des actes de vandalismes et autres infractions de la loi.
Mais quel qu’en soit le cas, les familles innocentes ne méritent-elles pas des
condoléances ? Ne méritent-elles pas autre chose ? Ne méritent-elles
pas autre chose que l’indifférence de vous, vous qui êtes pourtant supposé vous
s’assurer qu’un tel carnage ne se produise ?
Personnellement, monsieur Paul Biya, je ne sais quoi penser de vous, pour
la simple raison que j’ignore qui vous êtes : En 30ans de magistratures suprêmes,
vous êtes le camerounais le moins connu de la population Camerounaise. Vous
êtes ce personnage proche mais lointain, dont l’écho ne se fait entendre que
quand il faut protéger son pouvoir,
créer des embouteillages lors de ses déplacements officiels, ou encore, quand il
faut nous lire ses discours devenus de véritables antiennes.
Lorsque vous seriez parti, ou alors, quand on vous fera partir, qu’est-ce que
nous retiendrons de vous ? Qu’est-ce que l’histoire retiendra de
vous ?
L’on retiendra : Que la Jeunesse est le fer de lance de la nation,
mais qu’on peut en faire le parent pauvre de ses priorités pendant plus de 30ans ;
Que la corruption est un danger pour la république, mais qu’il ne faut la
combattre que quand elle menace directement le pouvoir du chef ; Que la
poursuite de la démocratie est une ambition noble, tant qu’on peut truquer
les élections ou le jeu politique en sa faveur ; Que la paix est le socle
de notre nation, mais qu’on peut massacrer des centaines de jeunes sans cligner
des yeux ; Que l’unité nationale a été accomplie, même si ça fonctionne à
loi des quotas et des divisons ethniques; Que la liberté de la presse est
un acquis, tant qu’elle fait la critique de tout sauf de vous, tant qu’elle
n’attire pas l’attention du peuple sur les dangers de votre gestion calamiteuse
du pays.
On retiendra que tout au long de votre règne, vous nous avez offert une
pacotille de démocratie, une illusion de paix et des apparences de liberté. La
monté de la tension qui se fait sentir n’est que normale, car même les aveugles
finissent par voir de leur cécité.
A Propos de l’Opération Épervier
Pendant que vous abrutissez nos enfants au théâtre de l’opération de votre
épervier, vous dépensez des centaines de millions par an, pour préparer les
vôtres à saisir les opportunités que leur réserve l’avenir. Combien des meilleures
écoles primaires de notre pays, ont un budget qui avoisine 100millions ?
Pourtant, vous en dépensez plus que ça, pour la scolarité de vos quelques enfants.
Vos enfants sont-ils de « super camerounais » ? Ou alors,
puisque vous êtes roi, ils sont certainement des princes et princesses ?
Trêve d’hypocrisie, nous sommes lasse de votre supercherie, nous en avons
plus que notre mesure. Le temps de votre fin est arrivé, nous ne voulons plus
de vous, vous devez partir avant que l’on ne vous chasse.
L’épervier que vous avez fait grandir et drogué du sang de vos fidèles
serviteurs, reste sur sa faim. Cependant, après la tête de Marafa Hamidou Yaya,
l’appétit de l’épervier n’est que pour votre tête, il ne vole plus que pour le
sang du « prince ».
Vous avez cru que l’épervier c’était votre foireux system judiciaire, mais
sachez que le véritable épervier c’est le peuple, et le peuple demande votre
tête : Albatros ça commence avec vous, Albatros ça finira avec vous.
L’opération épervier que vous avez monté pour consolider votre pouvoir, est
celle-là même qui est en train de le démanteler.
Vous avez tellement maté le peuple camerounais d’une main de fer dans un
gang de velours, que vous avez fini par croire que ce pays est le vôtre :
Vous créez un parc et il porte le nom de votre maman, vous créez un département
ministériel et il porte le nom de votre femme. Que sont-elles pour cette nation
en dehors d’être respectivement votre mère et votre femme ?
Vous arrive-t-il de penser à Um Nyobe ? Vous arrive-t-il de penser à
Ernest Ouandji ? Vous arrive-t-il de penser à Felix Moumié ? En plus
de trente ans la tête de notre État, vous avez systématiquement refusé de leur
laisser prendre la place qui est la leur dans l’histoire de notre pays. Votre
maman et votre épouse, sont désormais plus honorées que ces héros de notre histoire
ne l’ont été en plus de 50ans d’indépendance. Le peuple en ras-le-bol.
Vous n’êtes pas notre président, et vous avez cessez de l’être il y’a bien
longtemps maintenant. Vous nous avez donné des têtes, mais la seule tête qui
nous apaisera c’est la vôtre, et bientôt, nous l’auront. La fin de votre règne
despotique est proche. Si vous ne partez pas avant qu’il ne soit trop tard,
c’est dans la disgrâce que vous partiriez et votre Némésis Marafa Hamidou Yaya
pourrait bien se révéler être un prophète.
2 Juillet 2012