Par Paristocrate:
Le chômage au
Cameroun est un fléau. C’est un fléau dont la virulence l’a transformé en un
mythe. Pour aborder et tenter de résoudre la problématique du chômage dans
notre pays, il est important de commencer par la démystifier.
Certains membres
du gouvernement affirment régulièrement et avec une certaine assurance, qu’en
prenant en compte le secteur informel, le chômage dans notre pays se situe
entre 14% et 15%.
Cependant, il est
important de le rappeler qu’à ce pourcentage, nous sommes par tous les standards,
loin du plein emploi. Et, même si l’économie continue de croitre, à ce niveau du
chômage, la réalité pour les ménages est plus proche d’une économie en récession
prolongé qu’autre chose.
De plus, un sans-emploi
n’est pas forcément un chômeur, et nous devons attirer l’attention de ces
membres du gouvernement sur ce fait.
Tous les chômeurs
sont rangés dans la catégorie sans-emploi, mais tous les sans-emplois ne sont
pas rangés dans la catégorie chômeur. De ce fait et dans notre contexte, le
taux de chômage n’est pas la mesure à utiliser si l’on voudrait comprendre la complexité,
mais surtout la gravité du problème de l’emploi dans notre pays. Nous devons
par contre, porter notre attention sur le taux d’emploi et le sous-emploi.
Pourquoi est-ce
que le taux d’emploi est une meilleure mesure que le taux de chômage ?
Parce que pour être
considéré comme chômeur, il est faut selon le BIT remplir simultanément trois
conditions : (1) être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne
serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence ;(2) être disponible
pour prendre un emploi dans les 15 jours ;(3) avoir cherché activement un
emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de
trois moi.
Partant des critères
ci-dessus, il ressort que : Tout Camerounais sans emploi et n’ayant pas cherché
un emploi il y’a plus d’un mois, n’est pas considéré comme chômeur ; Tout
Camerounais cherchant un emploi mais ayant travaillée ne serait-ce qu’une heure
durant la semaine de référence, n’est pas considéré comme chômeur ; Enfin,
tout Camerounais cherchant un emploi, mais n’étant disponible à prendre l’emploi
dans les 15jours, n’est pas considéré comme chômeur.
Combien de
personne connaissez-vous, qui aient cherché un emploi pendant des années et qui
se soient résolus à l’abandon ? S’il est vrai que ces personnes ne sont pas
techniquement des chômeurs, elles sont tout de même des personnes sans-emploi.
Il y’a donc
beaucoup de camerounais qui sont sans emploi, mais qui ne sont pas considéré
comme chômeur. Voilà pourquoi le taux de chômage est une mesure inadéquate pour
dépeindre la question de l’emploi dans notre pays. La mesure qui nous rendrait
le plus grand service, c’est le taux d’emploi.
Le taux d’emploi mesure la
proportion de la population en âge de travailler et qui a un travail.
Pour estimer le
taux d’emploi, prenons les statistiques issues du dernier recensement :
la population camerounaise en âge de
travailler se situe aux environs de 10940736 camerounais. Et d’après Inack Inack,
la population active était estimée à 6millions de Camerounais en 2007. Sur cette
base, le taux d’emploi au Cameroun serait de 55%.
Qu’est-ce cela
implique ?
Cela implique qu’a
un taux d’emploi de 55%, si on prend au hasard un échantillon de Camerounais en
âge de travailler, près de la moitié de ceux-ci sont sans emploi, environ 1
camerounais sur 2 est sans emploi. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette réalité
contraste à suffisance le taux de chômage.
Avoir un taux de chômage
de 15% et un taux d’emploi de 55% est une indication que la vitesse à laquelle
les camerounais sont mis hors de la population active est super élevée. Pour tenter
de résoudre la problématique de l’emploi, nous devons faire une claire dichotomie
entre chômage et manque d’emploi ; nous devons aborder ces deux problèmes simultanément,
mais séparément.
Cette dichotomie
est nécessaire, car les solutions qui favorisons la création d’emploi, ne résoudrons
pas forcement le chômage et, les solutions qui résorberons le chômage ne
susciterons pas forcement la création d’emploi. Pour nous guider, nous devons garder
en mémoire qu’un sans-emploi n’est pas forcément un chômeur.
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