mercredi 2 mai 2012

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Corruption ou Colonisation ?

Paristocrate:
C’est une pandémie mortelle, nous en sommes tous atteint. Même ceux qui en sont immunisés en sont affectés. Comme un navire coulant et perdu en haute mer, si chacun de nous continue de refuser d’accepter sa culpabilité, nous y sombrons tous, sans exception, dans l’inévitable calamité de notre naufrage.

Si nous nous continuons de la banaliser, d’en faire un mode de vie, nous ne laissons aucune chance à nos enfants, nos grands enfants et aux générations à venir.

Si nous ne nous érigeons pas comme de valeureux guerriers, pour nous battre contre ce nouveau fléau, il nous asservira dans des conditions pires que celles de la colonisation et l’esclavage combinées, il nous anéantira.

Qui blâmeront nous, lorsqu’un siècle après, nous réaliseront par notre déchéance, que nous avons vécu sur le joug de la corruption et que nous avons marché a la lumière des ténèbres ?

Ils se sont battus corps et sang, pour que nous soyons libres et indépendants ; ils sont morts tôt et brutalement, pour que nous ayons un avenir.

Le prix de leurs sacrifices vaut-il la société que nous sommes devenus ?

Les intellectuels, socle de la société et fer de lance de son développement, sont devenus son tendon d’Achille et sa principale source de corrosion. Regardez Douala et Yaoundé, deux villes vivantes, mais mortes. Mortes piégées par la corruption, assassinées par ses intellectuels et incinérées par l’abandon de nos cultures, l’abandon de nous.

Dans ces villes, la corruption s’est infiltrée dans chaque pan de l’administration, des institutions, des familles. Comme un serpent broie sa proie, comme elle étrangle les habitants, des habitants engluées dans les méandres de l’enrichissement illicite et de l’appât pour le gain facile.

Est-ce là le fruit du sacrifice de ceux qui nous ont précédés ? Est-ce là la récompense de ceux qui sont morts pour que nous puissions être les maîtres de notre destinée ?

Yaoundé et Douala, nos villes chéries, sont désormais des lierres maléfiques, elles enchaînent chacun de leurs citadins ; Elles les propulsent tous et sans exception, dans ce vortex vif et rapide, dont la spirale a pour destination, les égouts d’une société moribonde, pourrie et bord de la ruine.

Les habitants de ces villes, pour la plupart devenus acculturés, ne sont pas seulement des corrompus, mais des prisonniers de la corruption. La corruption a été institutionnalisée, elle est devenue un art dont le savoir-faire est officieusement légitime et extrêmement sollicité. Ceux qui y excellent sont recherchés, et ceux qui traînent sont méprisés.

Dans ces villes, les justes sont charriés, les « feymans » adorés et les véritables intellectuelles ignorés. La distraction est devenue la préoccupation majeure ; L’envers est devenu l’endroit et l’endroit est devenu l’envers ; la vertu s’est substituée au vice et le vice s’est substitué à la vertu.

D’aucuns vous disent que c’est par misère qu’ils sont corrompus, d’autres vous disent que c’est le système qui les y contraint. Mais depuis quand est-ce que nos misères, nos contraintes, sont devenus d’excellents justificatifs de la platitude de nos standards moraux ?

Que ce soit dans la misère ou dans la plénitude, nous réprimandons violemment la prostitution, nous condamnons sans hésitation les bandits et nous tuons sans remords les homosexuels. Cependant, nous tolérons la corruption, la corruption qui est pourtant une des causes principales de la prostitution, du banditisme et de l’homosexualité.

Autrefois, les villes de Douala et Yaoundé étaient les points de référence, y aller était signe de progrès et d’évolution. Aujourd’hui, ces mêmes villes sont devenues des lieux de perdition, des signes de notre régression et de dévolution du vice.

Ces villes ont extirpé chacun de leurs citadins de la culture locale et de nos traditions, pour les infecter de la culture et du mode de vie occidentale. Leurs environnements feutrés, ne réussissent qu’à édulcorer l’essentiel de ce que nous sommes. On ne peut y vivre longtemps, sans perdre progressivement, mais sûrement, la quintessence de son identité.

Nous sommes de nouveau esclaves, esclaves de nos vices, esclaves de la corruption. Si nous ne changeons pas le cours des choses, il viendra un temps ou la colonisation se lira comme le meilleur de notre histoire et l’esclavage comme une époque bénite.
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