La candidature de Paul Biya serait animée par des raisons autres que le désir de gouverner et de s’éterniser au pouvoir. Quand on y pense, on ne peut que se demander pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi n’y a-t-il pas réfléchi pendant ses 29ans au pouvoir ? A-t-il été surpris par le scrutin de ce dimanche 9 octobre ou alors, n’a-t-il jamais envisagé quitter le pouvoir ?
Selon un article de François Soudan paru dans Jeune Afrique, la candidature de Paul Biya serait animée par le souci de préparer sa succession, de construire l’héritage qu’il laisserait à la nation Camerounaise et de garantir la paix en implémentant une transition pacifique. Voici ce qu’il faut reteir :
1. Selon Biya, la classe politique camerounaise n’est pas mure pour assumer une transition et se passer de sa personne.
2. Comme il est en train de le faire à travers l’opération épervier, c’est à lui de débarrasser la nation des loups-les élites corrompus- qui sont aux aguets, car il sera impossible à son successeur de commencer par là.
3. La corruption initialement un mal nécessaire parce que stabilisateur selon Paul Biya, est éventuellement devenue une gangrené hors de contrôle et déstabilisatrice, dont il pense que l’amputation est nécessaire avant son départ. La chasse aux pilleurs de la république a donc selon lui, besoin d’un autre septennat.
4. Obnubilé par la stabilité dans un pays à multiples ethnies comme le Cameroun, la réforme est pour Paul Biya un risque, la révolution une catastrophe et le conservatisme l’unique moyen de maintenir ensemble les pièces du puzzle. Il ne faudrait donc pas s’attendre aux changements si Paul Biya remporte l’élection d’aujourd’hui, mais a la continuité du statu quo.
5. Ce n’est pas par indifférence ou par répugnance du discours public que Paul Biya ne s’exprime pas, mais parce qu’il a compris que le mutisme est une excellente technique de gouvernance au Cameroun. Et tant que ça rapporte des fruits dorés, on ne devrait pas attendre à voir Paul Biya engager le dialogue avec le peuple Camerounais.
6. Son extrême prudence frise avec la paranoïa et se manifeste clairement dans son style de gouvernance. Ces actions sont très souvent et à dessein, aux antipodes de ce qu’il faudrait accomplir. Il est donc possible que la candidature de Paul Biya ne soit qu’une mascarade pour préparer son départ en douce et initier son mystérieux dauphin dans l’art de naviguer le labyrinthe qu’est le Cameroun.
7. Un énième mandat serait l’opportunité de faire mieux qu’Ahidjo, car si Paul Biya a un meilleur bilan sur le plan de l’avancement démocratique que son prédécesseur, son bilan économique et social lui, est très peu flatteur.
8. Un nouveau mandat lui permettrait d’attendre que ses jeunes enfants atteignent la maturité, il lui permettrait également de planifier et de renforcer leur protection dans le cas de son départ de la présidence de la république. Mais tout aussi important, un nouveau mandat lui permettrait d’arranger les conditions de son départ avec sa grande famille béti, qui jusqu’ici, ne conçoit pas qu’une autre ethnie puisse diriger le Cameroun.
9. Le successeur de Paul Biya ne sera pas issu de la même ethnique que lui. Ceci serait la raison principale qui justifierait « l’extraordinaire secret qui entoure ses réflexions sur l’identité d’un dauphin qu’il entend se choisir de son vivant ».
10. Si le successeur de Paul Biya ne sera pas du centre, du Sud ou de l’Est, et sachant qu’il est peu probable qu’il soit de l’Ouest, du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest, il est donc fort possible qu’il soit de l’Adamaoua ou de l’Extrême Nord. Si tel est le cas, son voyage pour Maroua lors de sa brève campagne électorale, n’était que la première étape de son plan de succession.
11. Les Camerounais sont angoissés des angoisses de Paul Biya : « si Dieu le rappelle à Lui, c’est le saut dans l’inconnu, le scénario indéchiffrable. » Une des véritables raisons pour lesquelles les investisseurs continuent d’hésiter à se diriger vers le Cameroun, c’est le manque de lisible politique et la hantise de l’après Biya. Si le candidat Paul Biya est élu ce 9 octobre, et que par la suite rien n’est fait pour communiquer aux investisseurs et au peuple des indices sur comment il compte aborder sa transition, le Cameroun continuera d’être un « Hold » et non un « Buy ».
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2 commentaires:
TOUT ça c'est des histoires, biya joue juste sa survie physique, même pas sa survie politique, sa survie physique...
Le Cameroun est mieux sans Biya qu’avec Biya quel que soit ses bonnes intentions, intentions qui durent depuis 29ans.
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