lundi 19 septembre 2011

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1 Paul Biya, le discours fétiche

Par Paristocrate:
Paul Biya et l’agriculture, c’est une histoire d’amour et déception : Amour, parce qu’une lecture de ses discours depuis son ascension au pouvoir, révèle une foi manifeste en l’agriculture camerounaise et en sa capacité à relancer la croissance économique et résorber le chômage; déception, parce qu’une lecture des mêmes discours, révèle une insatisfaction frustrante des attentes, des résultats largement insuffisants, et un manque morbide d’attention et d’intérêt pour ce secteur par ses différents gouvernement.

Voilà pourquoi à l’annonce de sa candidature et de ses axes de campagne, les citoyens cogitent, hésitent et se disent : si l’agriculture est un secteur de suture et de première importance dans notre pays tel que l’affirme le chef de l’Etat depuis 29ans, comment se fait-il qu’après trois décennies de gouvernance, nous n’en sommes qu’aux balbutiements intermittents de ce secteur dans notre pays ? Plus encore, pourquoi devons-nous croire que c’est à 78ans, quand il a déjà perdu tout son élan et sa vigueur, et qu’il a déjà largement dépassé le seuil de l’espérance de vie au Cameroun et dans de nombreux pays développés, que Paul Biya accomplira sa promesse ?

Le secteur agricole emploi près de 70% de la population active camerounaise, cependant, ces 29 dernières années, l’agriculture est demeurée le parent pauvre des ministères du gouvernement : son budget moyen a été inférieur à la moyenne des budgets des 10 plus gros ministères. Malgré la légèreté de l’enveloppe budgétaire qui lui ait concédé, l’essentiel de la monnaie destiné à financer les projets agricoles, est détourné faute de veille.

Avoir une excellente vision et de grandes ambitions c’est bien, mais si on n’est pas capable de l’implémenter et de les transformer en réalités, alors, ce serait comme avoir une baguette magique dont on ne peut s’en servir : C’est inutile au mieux, destructeur au pis.

Voici ci-dessous des extraits des discours de Paul Biya au sujet de l’agriculture :
Dans son discours le 24 février 1983, c’est-à-dire il y’a 28ans, Paul Biya déclarait ceci à propos de l’agriculture au Cameroun : « parmi les secteurs de l’activité économique nationale, et loin de négliger les secteurs industriels et des services, l’agriculture demeure le premier, celui qui, complémentaire des autres, offre le plus de débouchés et rapporte le plus de devises, celui qui assure l’autosuffisance alimentaire… ».

Trois ans plus tard en 1986, dans son essai « pour le libéralisme communautaire », il écrit : « l’agriculture, priorité de nos priorités, conserve une place centrale dans notre stratégie de développement… ».
A cette époque, c’était la grande euphorie : Paul Biya venait d’accéder au pouvoir ; il promettait des reformes et des progrès ; tout le monde y croyait ; tout le monde espérait. Rétrospectivement, cette période apparait comme celle des grandes espérances.
Dans son discours 18ans plus tard en décembre 2004, il dit : « Sans perdre de temps, il nous faudra définir avec précision le contenu des grandes politiques, agricole… sur lesquelles j’ai déjà eu, à maintes reprises, l’occasion de m’exprimer ».

En 2005 dans son discours de fin année il affirme : « Nous avons de grandes potentialités dans le domaine agricole. Et pourtant, la production de nos cultures de rente (café, cacao) plafonne. Nos cultures vivrières ne demandent qu’à être développées, car les débouchés existent. Le moment est venu de lancer cette grande politique agricole pour laquelle nous sommes si bien dotés… De même, nous disposons de matières premières pour alimenter une agro-industrie innovante et diversifiée, notamment dans les secteurs de la transformation du bois, du coton et du plantain. Des projets existent. Il convient maintenant de les mettre en œuvre ».
18ans plus tard, c’est la grande déception : 18ans plus tard, nous n’e sommes qu’a définir avec précision notre politique agricole ; 18ans plus tard , nous parlons toujours de l’agriculture comme si nous étions en 1982 ; 18ans plus tard nous n’en sommes qu’à lancer notre grande politique agricole, politique qui était supposée prendre son envolée depuis 1982 ; 18ans plus tard, l’agriculture au Cameroun est pratiquement ce qu’elle a toujours été : l’enfant mal aimé des priorités du gouvernement.
Dans son discours en 2007 il soutient : « C’est la raison pour laquelle j’ai prescrit au gouvernement de hâter le lancement des grands projets agricoles et industriels dont j’ai maintes fois énoncé la liste. Nous ne pouvons plus attendre que les dossiers passent d’ateliers en séminaires, de séminaires en comités sans résultats visibles ».

Et dans celui de 2008 on peut lire : « En clair, cela signifie que nous devrions accélérer l’allure en développant, comme prévu, notre secteur agricole et en lançant sans plus attendre nos grands projets énergétiques, industriels et miniers ».

Et en 2010, à la surprise de tout, il dit : « C’est ainsi que le secteur primaire de notre économie, c’est-à-dire essentiellement notre agriculture, a connu dans l’ensemble une certaine atonie … Comme vous le savez, notre stratégie comporte la mise en œuvre de grands projets agricoles.
28ans plus tard, c’est la grande désillusion, la fin de la crédulité : 28ans plus tard, les citoyens se demandent avec stupéfaction: quand avons-nous décollé pour être en train de connaitre une atonie ? 28ans plus tard, les citoyens sont las de latence, repus des promesses de l’élu, envieux de leur précieux passé. 28ans plus tard, les citoyens se rendent compte que toutes ces années, Paul Biya leur a lu le même discours sur l’agriculture, son unique et éternel discours. 28ans plus tard, les citoyens ne se demandent pas comment ils ont pu croire toutes ces années, mais pourquoi ils y ont cru et pourquoi ils doivent y croire de nouveau.

A la une du site dédie a sa campagne, l’axe de campagne ci-dessous est clairement indiqué :
La demande croissance au niveau mondiale des matières premières d’origines minérales ou végétales devrait nous conduire à en stimuler la production. Notre agriculture dispose de capacités de production considérables, une augmentation sensible de ses productions contribuerait non seulement à l’équilibre de notre commerce extérieur mais serait immanquablement accompagné d’un appel de main d’œuvre et d’une réduction du chômage.

Si notre agriculture se révèle capable de faire ce bond en avant, elle offrira une gamme important d’emploi allant des plus simples au plus qualifier. C’est la raison pour laquelle j’engage nos jeunes à ne pas se détourner du travail de la terre qui est garant de stabilité et d’épanouissement
Monsieur le président, si ça peut vous rassurer, vous êtes bien meilleur que les autres de l’opposition. Vous au moins, vous avez une promesse et des ambitions. Eux, ils n’ont rien d’autre que l’obsession d’être à votre place. Mais la question lancinante est la suivante : Que vaut une promesse, si elle ne sera jamais tenue ?

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un seul mot, continuez !

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