jeudi 29 septembre 2011

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3 Les Génies Camerounais Sont Morts*

Par Paristocrate:
"Le génie français" publié par jacques Attali sur son blog Conversation avec Jacques Attali, est un article qui interpelle non pas seulement le peuple français, mais aussi les peuples Africains en l’occurrence le peuple Camerounais.

Voici ci-dessous un extrait de cet article.

L’identité, c’est comme l’amour : plus on le théorise, moins on sait ce que c’est. Et, en général, on en débat d’autant plus qu’on ne sait plus le vivre.

Une fois de plus, l’adage se vérifie (…) car parler de l’identité, ce n’est pas, en général, dire ce que nous sommes, mais faire la liste de ce que nous ne sommes pas, et de ce que nous voulons refuser de devenir ; c’est discuter de la meilleure façon d’exclure ; c’est demander des papiers d’identité ; et chasser ceux qui n’en ont pas .

Six éléments caractérisent l’identité d’un peuple, quel qu’il soit : un territoire, une
langue, une culture, des valeurs, une histoire, un destin commun. Aucun de ces éléments n’est stable. Tous évoluent avec le temps. La France fut chrétienne ; elle est laïque. La France fut monarchiste ; elle est républicaine. Et aujourd’hui, toutes ces dimensions sont remises en cause par le mouvement du monde : l’effacement
des frontières, en particulier en Europe, remettant en cause l’idée même d’un territoire identitaire ; le nomadisme croissant des Français comme des étrangers ; la présence croissante, sur le territoire national, d’autres langues, d’autres cultures, d’autres façons de vivre ; l’universalisation des valeurs, autour des droits de l’homme et de liberté individuelle, qui en fait disparaitre le caractère national; et, enfin, dans
l’individualisme ambiant, l’incertitude quant à l’existence d’un destin
commun .

De tout cela il résulte que, à terme, la seule chose qui définira durablement l’identité d’une nation, c’est sa langue, et la culture, la façon de penser le monde, qu’elle implique. La langue française conduit à penser, à écrire, à vivre, de façon claire, simple, directe, précise, logique, binaire. Elle trouve sa source dans l’harmonie des paysages et conduit à une symétrie des mots, à un équilibre des concepts, qu’on trouve déjà dans les textes des inventeurs de cette langue, de Rachi de Troyes à Blaise Pascal, de Chrétien de Troyes à Montaigne, de Marcel Proust à Léopold Senghor.

Une langue qui doit donc être bien parlée et servir de véhicule de la pensée à tous
ceux qui vivent en France ou se réclament d’elles. Une langue qui définit à elle-seule l’identité française ; à défendre, à ouvrir au monde, pour qu’elle s’en nourrisse : sait on que c’est la seule langue du monde dont le nombre de locuteurs peut tripler en 40 ans, grâce à l’évolution démographique de l’Afrique ? Et qui, s’y on n’y prend garde, peut disparaitre pendant la même période.

Si la langue est véritablement ce qui fera l’identité d’une nation à long terme, quel intérêt avons-nous à parler français ? Ne serait-il pas judicieux pour sauver notre identité, d’envisage l’adoption d’une de nos langues locales –le douala par exemple - comme langue nationale ?

Parlant de notre culture, c’est incroyable la facilité avec laquelle nous l’abandonnons pour épouser les cultures occidentales, c’est également stupéfiant, le plaisir que nous prenons à en faire l’objet de toutes sortes de railleries, des railleries qui passe le jeu.

Nous refusons de parler nos langues en publique parce que ce n’est pas élégant, pourtant, nous rivalisons sur la dextérité avec laquelle nous pouvons manier la langue de Molière.

Vous portez un Boubou à l’africaine pour aller au boulot, vous faites plus l’exception que la règle, vous êtes bizarre et vous ne réussirez que très rarement à faire du charme. Vous porter un ensemble veste ou un tailleur, vous êtes plus la règle que l’exception, vous êtes normal, et si vous savez vous tenir vous feriez du charme a plus d’un(e). Comment en sommes- nous arrivés-là, dans un pays tropical où il fait plus de 380 la plupart du temps ?

A l’époque dans les familles, on ne communiquait qu’en dialecte, chaque famille pouvait s’identifier à son patois. Le français, c’était hors du camp familial et avec les étrangers. Vous étiez exclus de facto de la communauté, si vous ne saviez pas parler votre langue : la langue était un code, la langue était notre identité.

Aujourd’hui la tendance est tout autre, si vous parler beaucoup en votre dialecte on vous appelle villageois, et ceci même si vous ne vivez pas dans un village (encore qu’il n’ya rien de mal à être villageois). Vous parlez publiquement en dialecte à votre enfant, il vous dit que vous le souillez ; Vous insistez, il vous répond, mais en français.

Face à cette série de constats, il n’est que normal de se demander où sont passés nos sociologues, nos philosophes, où sont passés les penseurs et sages africains ? Quand on réfléchit un moment, on hésite, puis on se dit : ils sont tous morts, même ceux qui vivent.

*Republié

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Unefan12:

Nous cherchons dans notre expérience et nos connaissances, la définition de ce qu'est une identité, ce à quoi nous pouvons la rattacher, c'est le propre de l'empirisme (?).

Seulement, nous changeons, nous évoluons, sociologiquement parlant, vers quelque chose qui n'existait probablement pas avant: Un brassage au sens propre comme au sens figuré du terme.

La langue comme vecteur d'identité? Non, je ne le pense pas.

A quoi pourrait-on rattacher la notion d'identité, alors? Je ne le sais pas.

Ce que je sais, par contre, c'est que mon identité est coloré aussi bien des cultures du Nord, que de celles du Sud, en passant par celles du Centre, sachant que je suis de l'Ouest et que je m'exprime en français, en anglais et en espagnol.

M'exprimer en Douala (comme suggéré) me permettrait-il de retrouver un semblant d'identité (perdue?)? Je ne le pense pas. Ce ne serait pas représentatif de ce que je suis.

Alors qui suis-je?

Je ne sais peut être et probablement pas qui je suis, mais je sais ce que je ne suis pas. Et je ne suis assurément, ni française, ni anglaise/américaine, ni espagnole, ...

Mais c'est tout cela qui fait de moi ce que je suis ...

Paristocrate a dit…

Merci de votre contribution. Je dois le concéder, le Douala comme langue nationale, ne serait pas l’idéal, mais serait déjà beaucoup mieux que le Français, du fait ses affinités avec les autres langues. L’idéal, serait que chaque province est sa langue, mais une telle approche suggère implicitement une division du Cameroun.

L’identité ce n’est pas ce qu’on est de manière intrinsèque, mais c’est ce par quoi les autres pourraient nous reconnaitre. Pour cela, il est constitué d’éléments externes qui nous sont singuliers et par lesquels on pourrait être identifié.

Historiquement, six éléments caractérisent l’identité d’un peuple : (1) Un territoire, (2) Une langue, (3) Une culture, (4) des valeurs, (5) une histoire, (6) un destin commun.

Mais aujourd’hui, la mondialisation et l’ouverture des frontières, la télévision et les sites sociaux, le partage des expériences et le sentiment que les populations du monde partage le même destin, font en sorte quand long terme, la langue est l’élément centrale ou unique qui permettra d’identifier un peuple.

Il est bien de noter cependant qu’il y’a identité d’un peuple et identité d’un individu. Dans notre cas, nous parlons bien de l’identité d’un peuple et non de celle d’un individu.

Merci.

Anonyme a dit…

Unefan12:

Il s'agit effectivement d'identifier un peuple.

La définition "historique" de l'identité d'un peuple semble ne plus être convaincante. Raison pour laquelle vous faite de la langue un élément d'identification à part entière. Pourtant, cela n'est pas possible, voire réaliste, vu le contexte actuel.

Le choix d'une langue parmi des milliers ne serait qu'un tour de magicien.

J'ose penser que 6 éléments servaient à définir un peuple parce que, pris individuellement, chacun de ces éléments est insuffisant.

Il faudra un peu plus d'innovation, sortir complètement de cette définition historique pour identifier un peuple.

A moins que la notion de peuple, ne disparaisse complètement, comme c'est de plus en plus le cas, avec celle de tribu ...

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