samedi 16 septembre 2006

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0 Discours de Paul Biya 2006


2006-


Camerounaises, Camerounais, Mes chers compatriotes

L’année 2006 a été, je crois, une bonne année pour le Cameroun.

Nous avons atteint deux de nos objectifs, et non les moindres.

En effet, nous avons trouvé un accord équitable avec le Nigeria sur l’application de l’arrêt de la Cour Internationale de Justice concernant notre contentieux territorial.

Par ailleurs, le FMI et la Banque Mondiale ont reconnu que nos efforts nous qualifiaient pour l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE.

De la sorte, nous avons créé des conditions essentielles à la poursuite de notre combat pour le développement ainsi que de notre croisade contre la pauvreté. En obtenant d’une part des garanties pour notre sécurité extérieure sans laquelle tout progrès serait aléatoire. En nous assurant d’autre part le soutien du FMI et de la Banque Mondiale et, à travers ces institutions, celui de la communauté financière internationale.

Objectivement, ce constat me paraît très encourageant.

Voyons donc ensemble, secteur par secteur, comment les choses se sont passées et quelles sont les perspectives qui se dessinent pour les prochaines années.

Pour des raisons évidentes, nous avons dû donner la priorité à l’économie.

Il convenait dans un premier temps de rétablir l’équilibre de nos finances publiques. Pour l’essentiel, cela a été fait. Il nous fallait aussi procéder à un certain nombre de réformes structurelles et améliorer notre gouvernance. Cela a été réalisé en partie ou est en cours de l’être.

Ce sont ces efforts qui nous ont permis d’accéder au point d’achèvement. J’en ai tiré devant vous les enseignements à l’époque. J’ai souligné qu’il s’agissait d’une nouvelle étape qui devait être celle de la relance de la croissance, seule façon de créer des opportunités d’emploi et de faire régresser durablement le chômage. Et de façon générale, d’assurer la progression de notre économie.

A différentes occasions, j’ai indiqué quels devaient être les grands axes de l’action gouvernementale pour y parvenir. Permettez-moi de les rappeler brièvement.

Notre défi le plus urgent doit être d’augmenter l’offre d’énergie, à la fois pour satisfaire les besoins croissants de la population et pour répondre à la demande des entreprises.

Parallèlement, il est nécessaire que nous développions nos infrastructures de base, telles que routes, chemins de fer, installations portuaires, liaisons téléphoniques, Internet, etc., indispensables à l’avènement de notre nouvelle économie.

Dans le même ordre d’idées, nos choix stratégiques devront privilégier autant que possible la transformation de nos matières premières afin d’en obtenir une plus grande valeur ajoutée de nos exportations.

Cette évolution devrait s’avérer profitable, en particulier pour nos échanges au sein de la CEMAC qu’il convient en tout état de cause de stimuler au bénéfice de l’intégration régionale.

Enfin, il nous faudra améliorer l’environnement des affaires, en assurant aux opérateurs économiques une sécurité juridique convenable, un traitement fiscal équitable et de meilleures garanties pour les investissements. L’établissement d’un climat de confiance entre l’Etat et le secteur privé, qui pourrait donner naissance à un véritable partenariat, serait une donnée essentielle de la croissance.

Nos entreprises, et en particulier les PME/PMI qui représentent une partie non négligeable de notre tissu économique, rencontrent de grandes difficultés pour financer leurs activités. Nos agriculteurs qui composent une proportion importante de notre population active, connaissent des problèmes du même ordre. Et que dire des milliers et des milliers de gens modestes auxquels une mise de départ suffirait pour créer une petite activité. Des solutions adaptées aux besoins de ces différentes catégories devront être recherchées auprès d’établissements financiers appropriés, sans écarter le recours au micro-crédit qui connaît le succès dans certaines parties du monde.

Au cours des derniers mois, différentes actions ont été entreprises selon ces grands axes. Elles se proposent de porter notre économie à un niveau plus élevé, qualitativement et quantitativement.

Pour ce qui est de l’énergie, il s’agit d’exploiter nos ressources hydrauliques et gazières. Il est urgent que nous mettions en chantier de nouveaux barrages et de nouvelles centrales.

Cet apport d’énergie est en effet indispensable à la réalisation de nos grands projets industriels, qu’il s’agisse de l’augmentation de notre production d’aluminium, de la création d’un pôle de construction navale, du développement d’une industrie chimique et pétro-chimique, de la réorganisation de la filière coton/textile, de l’exploitation de nos minerais comme la bauxite, le fer et le cobalt, sans oublier bien sûr le programme de reconversion de la banane plantain. Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’une véritable mutation de notre industrie qui pourrait changer la face des choses au Cameroun.

L’attention portée à ces grands projets ne doit pas nous faire oublier que la finalité du développement économique reste le progrès social.

Il est indéniable que des avancées sensibles ont été effectuées dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Sans entrer dans le détail, je rappellerai que de nouvelles écoles ont été construites et que des milliers d’enseignants ont été recrutés. La réussite scolaire en a bénéficié. De même, les actions fortes engagées pour lutter contre la tuberculose et le paludisme et pour freiner l’extension du SIDA, ces actions, facilitées par une meilleure couverture médicale, ont eu des résultats incontestables.

Des efforts ont également été faits pour améliorer l’accès de la population à l’eau potable, à l’électricité et au logement dans les zones urbaines.

Je suis bien conscient que cela est loin d’être suffisant. Mais ce n’est qu’un début. En effet, les concours financiers importants, provenant de l’annulation de la dette, seront principalement affectés aux infrastructures à vocation sociale. On peut en attendre une réelle amélioration des conditions de vie des Camerounais. J’ai donné instruction au gouvernement d’en faire une de ses priorités.

Plusieurs aspects de la vie quotidienne sont concernés. En premier lieu, le pouvoir d’achat qui est évidemment conditionné par le niveau de rémunération. Beaucoup de ménages ont de grandes difficultés à faire face aux diverses charges de la famille. Lorsque celle-ci est touchée par la maladie ou le chômage, la situation devient dramatique.

Le retour de la croissance qui s’annonce devrait nous donner des marges de manœuvre pour réexaminer le problème. De la même façon, une activité économique plus soutenue est susceptible d’avoir sur le chômage un impact positif en relançant l’emploi que l’Etat, de son côté, avec ses moyens et à travers la professionnalisation de l’enseignement, s’efforce de favoriser.

Par le contrôle des prix des produits de première nécessité et des services, il veille d’autre part à prévenir les hausses injustifiées ou spéculatives. Des mesures ont été prises récemment à cet effet. D’autres sont à l’étude.

L’amélioration des conditions de vie c’est aussi la sécurité dans tous les sens du terme. Le grand banditisme dans nos villes, les coupeurs de routes dans les zones rurales demeurent un souci permanent pour nos populations et une grave préoccupation pour les pouvoirs publics. Malgré les résultats incontestables obtenus par les forces de l’ordre, la menace perdure. Nous allons donc intensifier notre combat contre ce fléau en dégageant une nouvelle fois des moyens supplémentaires et en sanctionnant les coupables de manière exemplaire. Si, par ailleurs, le corps social se mobilise autour des forces de l’ordre, nous pouvons envisager avec confiance l’éradication durable du phénomène de l’insécurité.

L’insécurité est aussi présente sur nos routes. Imputable à l’imprudence, à l’inconscience de certains conducteurs, au mauvais état des véhicules, elle fait chaque année plusieurs victimes. Nous ne pouvons pas continuer comme cela.

J’ai dit plus haut que l’accord conclu à Greentree avec le Nigeria levait une hypothèque sur notre développement. J’aurai l’occasion d’y revenir prochainement. Il en va de même, me semble-t-il, s’agissant de notre stabilité intérieure. Nos institutions se complètent progressivement et fonctionnent de manière exemplaire. La décentralisation est en marche et les Camerounais pourront bientôt participer plus directement à la gestion des affaires publiques. La consolidation de l’Etat de Droit se poursuit avec l’adoption du nouveau Code de Procédure Pénale et la restructuration de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés. Sauf exception, l’activité des partis politiques se déroule sans heurts et en toute liberté.

Croyez-moi, cette situation est exceptionnelle. C’est un privilège assez rare sur notre continent. Nous devons, je pense, l’apprécier à sa juste valeur. A quelques mois de consultations électorales importantes, il est capital que chacun d’entre nous, quelles que soient ses convictions, entretienne cette atmosphère de tolérance et de dialogue. Pour sa part, le gouvernement fera en sorte que les scrutins se déroulent dans le calme et la transparence. C’est précisément l’objectif que se propose, pour les consultations à venir, le nouvel organe indépendant, " Elections Cameroon ", chargé d’organiser et de superviser les élections dans notre pays.

Ce rapide bilan me paraît globalement positif. Les chiffres l’attestent et les institutions financières internationales le confirment. Devons-nous nous en satisfaire ? Sans hésitation, je réponds : non. Aussi longtemps qu’une partie de notre population souffrira de la pauvreté, que l’égalité des chances ne sera pas garantie pour tous, que l’avenir de notre jeunesse sera incertain, notre tâche ne sera pas terminée.

Alors, une question se pose. Comment se fait-il que notre pays, richement doté par la nature et le climat, qui dispose de ressources humaines reconnues, qui jouit de la paix et de la stabilité, comment se fait-il, dis-je, que notre pays tarde à assurer son décollage économique ?

Nous en connaissons certaines raisons.

La première tient à l’inertie de quelques secteurs de notre administration. Je l’ai souvent dénoncée, mais il faut reconnaître qu’elle est toujours présente.

La seconde est imputable à la corruption, à la fraude et à la contrebande qui font passer l’intérêt personnel avant l’intérêt général. Les sanctions sévères qui ont été prises ont fait reculer le mal, mais il reste tapi dans l’ombre. Nous saurons le débusquer.

Enfin, il est inadmissible que des crédits qui sont mis à notre disposition, au titre de l’annulation de la dette ou de la coopération financière avec nos partenaires, restent inutilisés ou sous-utilisés. La négligence ou l’incompétence que cela traduit, sont impardonnables, lorsque l’on sait que la majeure partie de ces crédits est destinée aux secteurs sociaux, notamment à la santé publique et à l’éducation.

Il nous faut donc continuer à porter le fer dans ces plaies.

Je ne suis pas pour autant pessimiste et je vais vous dire pourquoi.

Il y a une quarantaine d’années, lorsque nous accédions à l’indépendance, un certain nombre de pays de l’Asie du Sud et de l’Est se situaient à un niveau de développement voisin du nôtre.

A force de travail, de progrès éducatif et de patriotisme, ces pays, aujourd’hui " émergents ", ont fait reculer la pauvreté et sont en voie de rejoindre les pays les plus avancés.

Même si nous ne pouvons pas avoir cette prétention, à court ou à moyen terme, il ne nous est pas interdit de nous inspirer de leur expérience. D’ailleurs, nos partenaires étrangers nous y encouragent. J’ai pu le vérifier récemment lors de mes déplacements en Europe et en Asie. De la même façon, les nombreuses visites d’investisseurs qui souhaitent nous associer à leurs projets, sont la preuve concrète de l’intérêt que l’on nous porte.

Il nous revient, bien entendu, de faire notre part du chemin. Il s’agira essentiellement de créer un climat de confiance entre la puissance publique et nos partenaires privés, nationaux ou étrangers, de sorte que ces derniers puissent s’engager sur le long terme. Nous en connaissons les ingrédients : respect des engagements, sécurité administrative et judiciaire, avantages réciproques, garantie des investissements et élimination de la corruption.

. Camerounaises, Camerounais,

. Mes chers compatriotes,

Voilà donc où nous en sommes.

Il ne dépend plus que de nous d’aller de l’avant, pour accomplir notre grand dessein commun.

Le gouvernement a sa feuille de route. Il lui revient de l’appliquer scrupuleusement et résolument.

Comme elle l’a toujours fait lorsque l’intérêt du pays est en jeu, notre représentation nationale soutiendra ses efforts.

Ceux qui font vivre notre économie, Chefs d’entreprise, patrons de PME/PMI, artisans, commerçants et bien sûr agriculteurs, tous ont un rôle capital à jouer.

Quant à la grande masse de nos concitoyens, quelle que soit la catégorie professionnelle ou sociale à laquelle ils appartiennent, travailleurs, retraités, femmes, jeunes, je leur demande une nouvelle fois de se mobiliser afin que le Cameroun sorte vainqueur de ce combat dont l’enjeu n’est rien moins que l’avenir de notre pays. Un avenir de paix, de liberté et de prospérité.
Mes chers compatriotes,
Le moment est maintenant venu pour moi de vous présenter à toutes et à tous mes vœux les plus sincères de santé et de bonheur pour la Nouvelle Année.

. Bonne et heureuse Année 2007 ! Vive le Cameroun !"


Lire le discours de fin d'année 2007
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