vendredi 16 septembre 2005

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0 Discours de Paul Biya 2005



2005-



"Camerounaises, Camerounais, Mes Chers compatriotes,

Il y a un an, dans les mêmes circonstances, quelques semaines après le début de ce septennat, je vous disais que nous allions d’abord remettre de l’ordre dans certains secteurs de l’activité gouvernementale et que nous passerions ensuite à l’application de notre programme des "Grandes Ambitions".


Nous nous sommes donc employés en priorité à rétablir l’équilibre de nos finances publiques. Il fallait améliorer la rentrée des recettes, mieux contrôler les dépenses, sans pour autant asphyxier notre économie. Ceci a été à peu près réalisé, ce qui nous a permis de mener à bien le programme de redressement négocié avec le FMI pour le premier semestre de cette année.


Bien sûr, je n’ignore pas que cette politique de rigueur n’a pas fait que des heureux. Les entreprises qui avaient des raisons de se plaindre de la pénurie d’énergie et de la contrebande, ont également déploré la pression fiscale. Mais le gouvernement s’est efforcé de ménager la majeure partie de la population en payant à échéance salaires et pensions, en accélérant le règlement des arriérés de la dette intérieure et en contenant autant que possible la hausse de prix. Même si notre taux de croissance s’est quelque peu effrité et si le climat des affaires a connu une certaine morosité, les résultats recherchés ont été obtenus pour l’essentiel et nous avons préservé l’avenir.


Parallèlement, nous avons poursuivi la consolidation de l’Etat de droit. Nous disposons désormais d’un code pénal mieux adapté à nos réalités d’aujourd’hui. Notre Chambre des Comptes sera bientôt opérationnelle et la décentralisation entre dans sa phase d’application. Bref, notre système démocratique se perfectionne de jour en jour.


Malgré les efforts méritoires de nos forces de l’ordre qui ont donné des résultats incontestables, nous avons encore des soucis au plan de la sécurité. C’est un problème difficile qui affecte toutes les sociétés. Nous y sommes très sensibles et je vous assure que pour le résoudre nous dégagerons les moyens nécessaires.


Je vous l’ai souvent dit, la démocratie politique, la croissance de l’économie, ne sont pas une fin en soi. Elles doivent s’accompagner d’avancées au plan social. C’est pourquoi nous continuons à effectuer un travail de fond pour renforcer notre édifice éducatif, perfectionner notre système de santé, développer nos infrastructures routières, étendre nos réseaux de distribution d’eau et d’électricité et lancer des programmes de logements sociaux. Les résultats de cette politique qui vise à améliorer les conditions de vie de la population et qui est désormais notre priorité, sont déjà visibles dans nos villes comme dans nos campagnes.


Evidemment, ce n’est pas encore suffisant. Ce ne sera jamais suffisant. Nous allons donc continuer ce combat contre la pauvreté afin que notre peuple qui a consenti tant de sacrifices, puisse enfin retrouver l’espoir d’une vie meilleure.
De la même manière, tout sera fait pour préserver la paix et la stabilité que notre pays connaît si heureusement et sans lesquelles aucun progrès ne serait possible. J’aurai l’occasion d’y revenir très prochainement.


Sommes-nous pour autant au bout de nos peines ? Sans doute pas. Mais nos efforts nous ont déjà permis de mettre au point il y a quelques semaines avec les institutions financières internationales un programme triennal pour la période 2005 — 2008 qui nous ouvre d’intéressantes perspectives. Si nous tenons les engagements auxquels nous avons souscrit, nous serons probablement en mesure d’atteindre le fameux point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2006, ce qui aura pour conséquence d’alléger considérablement le poids de notre dette.


Ce n’est donc pas le moment de relâcher nos efforts. J’exhorte tous ceux qui sont concernés, au gouvernement, dans l’administration, dans les entreprises du secteur public et parapublic, à se mobiliser pour que nous passions sans encombre les derniers obstacles.


Cela ne nous dispense évidemment pas d’appliquer notre propre programme de développement à long terme afin d’inverser la tendance et de relancer la croissance.


Nous avons de grandes potentialités dans le domaine agricole. Et pourtant, la production de nos cultures de rente (café, cacao) plafonne. Nos cultures vivrières ne demandent qu’à être développées, car les débouchés existent. Le moment est venu de lancer cette grande politique agricole pour laquelle nous sommes si bien dotés.


De même, nous disposons de matières premières pour alimenter une agro-industrie innovante et diversifiée, notamment dans les secteurs de la transformation du bois, du coton et du plantain. Des projets existent. Il convient maintenant de les mettre en œuvre.


Nous souffrons depuis quelques années d’un déficit énergétique chronique, alors que notre potentiel hydro électrique est un des plus élevés d’Afrique. Heureusement, après une période difficile, l’avenir s’annonce plus prometteur avec les projets de barrages et de centrales de LOM PANGAR, NACHTIGAL, MEMVEELE, COLOMINES et celui de centrale à gaz à Kribi. Ne perdons plus de temps. Mettons ces projets à exécution.


Nos ressources minérales, notre position géographique sont autant d’atouts pour développer une politique industrielle ambitieuse dans les domaines de l’aluminium, de la chimie et de la construction navale. Nous en avons les instruments avec ALUCAM, la SONARA et les Chantiers Navals de Limbé. Les projets en discussion ou en voie de réalisation autorisent un certain optimisme. Et ce ne pourrait être qu’un début si l’on pense aux possibilités d’exploitation de nos gisements de bauxite, de fer, de calcaire, de gaz et de cobalt.


Je ne vois que deux facteurs qui pourraient ralentir notre marche en avant.


Le premier tient à l’inefficacité de certaines administrations qui traitent de ces problèmes. Ce n’est pas leur compétence qui est en cause mais leur manque de volonté d’aboutir. En dépit des prescriptions de leurs "feuilles de route", elles se contentent souvent d’une simple gestion au long cours ou elles s’enlisent dans des querelles de personnes ou de compétences. L’absence de projets et le taux anormalement bas de consommation des crédits sont les illustrations les plus fréquentes de ce comportement. Cela devra changer car c’est un frein évident à notre développement.


Mais il y a plus grave. Je veux parler de la corruption que j’ai souvent dénoncée mais qui continue à sévir. Il y a évidemment une totale incompatibilité entre les efforts que nous déployons pour faire reculer la pauvreté et l’enrichissement scandaleux de quelques uns. Le détournement des fonds publics se fait, faut-il le rappeler, au détriment de la communauté nationale. Je voudrais aujourd’hui dire très solennellement qu’il faut que cela cesse. L’agence Nationale d’Investigation Financière a été créée à cet effet. J’attends d’elle qu’elle fasse son travail sans complaisance.


Ces ponctions sur la richesse nationale sont d’autant plus intolérables qu’une partie de notre population continue de connaître des moments difficiles, en particulier celle qui est frappée par le chômage. L’action de l’Etat, que ce soit par l’intermédiaire du Fonds National de l’Emploi, la promotion de l’auto-emploi, l’aide aux PME/PMI ou la professionnalisation de l’enseignement permet sans aucun doute d’apporter quelques améliorations à une situation qui demeure préoccupante.


Mais elle ne peut être la solution définitive à un problème qui touche à la structure et au fonctionnement de notre économie.


De toute évidence, la réponse se trouve dans la relance de la croissance. C’est ce à quoi nous travaillons sans relâche. En remettant d’aplomb les finances publiques et en menant à bien un certain nombre de réformes structurelles, nous sommes en train de reconstruire les fondations de notre nouvelle économie. L’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE, ainsi que Je l’ai dit, devrait nous libérer du poids écrasant de la dette. Les grands projets que j’ai mentionnés et dont certains sont sur le point d’aboutir, créeront des activités de tous ordres et ouvriront bien entendu de nouvelles possibilités d’emplois. J’y vois pour notre jeunesse, et en particulier nos diplômés, des opportunités pour valoriser leurs connaissances et se bâtir un avenir professionnel prometteur.


Camerounaises, Camerounais, Mes chers compatriotes,

J’ai la conviction — que je voudrais vous faire partager — que nous avons mis en route un processus vertueux qui devrait prochainement nous permettre de réaliser cette mutation de notre économie qui est certainement le passage obligé vers la modernité. Pour franchir la dernière étape, le gouvernement a besoin du soutien de toutes les camerounaises et de tous les camerounais, quelle que soit leur place dans notre société. La réussite de notre grand projet sera celle de la Nation tout entière mais aussi de chacun d’entre vous.
Je sais que je peux compter sur vous.


Le moment est maintenant venu pour moi de vous présenter à toutes et tous mes vœux les plus sincères de santé et de bonheur pour la Nouvelle Année.

Bonne et heureuse année 2006 !

Vive le Cameroun !"

Lire le discours de fin d'année 2006
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