Jean Michel Aphatie : Bonjour Christine Lagarde, les bourses continuent à deviser ce matin, Tokyo est à moins 9%, sommes-nous proche de la débâcle Christine Lagarde ?
Christine Lagarde : Ça demande quand on est dans une situation de crise profonde et de crise généralisée à l’ensemble des grands marchés financiers … je crois que pour arriver à juguler cette situation, il faut absolument arriver à rétablir la confiance parce que c’est en ce moment la démonstration d’une méfiance généralisée entre tous les établissements financiers en particuliers.
Vous savez qu’actuellement, les banques notamment n’arrivent pas à faire leur travail parce qu’elles n’arrivent pas à se prêter entre elle. Ce que nous essayons de faire c’est de rétablir la confiance entre les établissements financiers, tout simplement pour que la tuyauterie fonctionne, pour que les banques se prêtent entre elles.
Jean Michel Aphatie : Ça fait des jours que vous le tenez le même message.
Christine Lagarde : Non, ça ne fait pas dix jours que je tiens ce message, ce qui est important c’est qu’on arrive à le démontrer de manière coordonnées. Ce sont tous les efforts du président de la république depuis samedi dernier à l’ occasion du G4 avec l’Allemagne, avec l’Italie, avec l’Angleterre, pour ensemble délivrer le même message c’est-à-dire : Nous ne laisserons pas tomber les établissements financiers.
Jean Michel Aphatie : Qu’est-ce qui manque pour que la confiance s’installe ?
Christine Lagarde : Il faut que tout le monde le dise, c’est ça qui est important. Vous savez ce qui a été dramatique d’une certaine manière c’est la décision d’Henry Paulson aux Etats-Unis de laisser tomber Lehman Brothers. Il y’avait certainement eu des mauvaises gestions et de mauvaises décisions prises par cette banque, pour autant et sans soutenir les banquiers, mais en soutenant cette banque ça aurait été un message bien plus important. Tout simplement parce que les banques qu’est-ce qu’elles font, elles travaillent entre elles et en contrepartie les unes des autres.
Quand on en laisse tomber une, le risque c’est que d’autres à ce moment-là, ne sachent plus qui est la contrepartie et se trouvent exposées. C’est un peu compliqué, mais à partir du moment où on fait tomber un domino, le reste risque de s’écrouler.
Jean Michel Aphatie : Le 15 septembre (2008,ndlr) il y’a eu la une erreur américaine d’après-vous Christine Largade ?
Christine Lagarde : De mon point de vu, pour l’équilibre du système financier mondiale, oui, ça été une véritables erreur. Il faut absolument qu’on arrive à rétablir vis-à-vis de tous les partenaires dans le monde financier, le principe qu’aucune institution financière qui présente un rôle systémique dans le système financier, ne sera ne faillite.
Et ça signifie et ça a été répété clairement par le président de la république, ça a été repris par les 27 pays de l’Union Européenne, j’étais hier à Luxembourg, c’est ce sur quoi nous avons travaillé : nous avons établi une doctrine, ensemble, pour le faire selon nos modalités respectives, mais en respectant les mêmes principes, et il faut absolument que les établissements financiers le comprennent, elles-les établissements financiers systématique- ne tomberont pas en faillite, les Etats, les Etats européens prendront les mesures nécessaires pour l’éviter et pour que les épargnants, pour que les déposants soient à l’abri des conséquences de tels situations.
Jean Michel Aphatie : Faut-il instaurer un fonds de garantie européen pour que ce message passe bien Christine Lagarde ?
Christine Lagarde : Vous savez on l’a évoqué ici ou là, on en a parlé encore entre nous hier lors de la réunion des ministres de l’économie et des finances : La réalité, c’est que le marché européen de la finance est très segmenté. Prenez le Danemark par exemple, aujourd’hui c’est un pays qui a 140 banques ; prenez l’Espagne ou la grande Bretagne, les banques sont extrêmement investies dans l’immobilier ; prenez la France, les banques qui ont un modèle qui permet de repartir les risques, 75% dans une activité de banque traditionnelle solide, 25% dans une activité de marché, dont une secteur français qui est beaucoup mieux repartie, beaucoup plus solide.
Quand vous avez un marché qui est aussi différent, on peut difficilement mettre en place un formule qui, mathématique qui conviendra a tout le monde. C’est pour ça que ceux dont on a convenu hier c’est :
1. Le même objectif : ne pas laisser tomber ;
2. Les mêmes principes : Par ordre d’importance on protège les épargnants, deuxièmement les contribuables, et ensuite les actionnaires, et ensuite les dirigeants. C’est-à-dire que les deux dernières catégories devront faire les frais de leur mauvaise gestion, ou payer les pots cassés des établissements qui n’ont pas été maintenus.
C’est pour ça que vous regarde ce qui se passait en Espagne aujourd’hui, ce qui se passe en Grande Bretagne aujourd’hui, ou il y’a une espace de mouvement de nationalisation des établissements bancaires, c’est tout à fait différent d’un pays à l’autre, et c’est normal parce que nos pays sont différents.
Jean Michel Aphatie:Donc si on vous attend bien se matin sur RTL Christine Lagarde, l’idée d’un fonds de garantie européen est définitivement écartée ?
Christine Lagarde : Il ne faut jamais dire définitivement en la matière, c’est une des enseignements que l’on tirait hier, on est dans une situation qui n’a pas de précédents compte tenu de son ampleur, compte tenu sans profondeur les établissements financiers, je ne parle pas de l’économie réelle. Donc il ne faut pas s’interdire des propositions, il ne faut pas s’interdire d’envisager de nouveaux outils.
Le fonds de garantie européen n’est pas à l’ordre de jour ?
Christine Lagarde : Pas aujourd’hui. Non.
Christine Lagarde invitée de RTL (08/10/07) by rtl-fr
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