mercredi 16 mai 2012

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Harvard & MIT : Segmentation, Repositionnement, Globalisation

Par Paristocrate:
Les temps ont changé, le monde dans lequel nous vivons n’est plus celui dans lequel nous avons vécu. Dans les années à venir, il deviendra extrêmement difficile de survivre si on n’est pas bien éduqué. Le diplôme ne sera même plus une présomption de connaissance, mais juste l’équivalent d’une carte de membre d’un club. Pour survivre, il faudra avoir une bonne maitrise de son art. Et pour exceller, il faudra une bonne dose d’imagination.

L’université de Harvard et du MIT aux Etats-Unis l’ont compris, ils ont compris que le temps se renouvelle, et s’ils n’entrent pas dans l’air du temps, alors dans les décennies à venir, ils écriront les derniers chapitres de leur glorieuse histoire.

Voilà pourquoi ces universités ont annoncé la semaine dernière, la création de l’edX, une organisation à but non lucratif et qui sera dotée d’un capital initial de 60millions de dollars-30 millions par institution.

Désormais, partout dans le monde, tout ceux qui ont un ordinateur et ont accès à internet, pourront suivre les même lectures, prendre les même testes et avoir accès aux mêmes laboratoires virtuels que les étudiants de Harvard et du MIT : Ceci est une révolution.

Mais au-delà d’être une révolution, c’est aussi un acte de survie, un acte motiver par l’ambition de façonner l’avenir de l’éducation, de cibler les nouveaux segments de leur marché, de repositionner leurs marques et enfin, d’embrasser la globalisation.

Segmentation :
 Le coût de l’éducation a considérablement augmenté ces dix dernières années. Aux Etats-Unis il a augmenté de 147% et, dans les meilleures écoles du Cameroun et sur la même période, le coût de l’éducation a augmenté pratiquement du même pourcentage. L’inaccessibilité, à ce coût, à l’éducation formelle, a créé un nouveau segment de marché : Les autodidactes.

Ce sont des gens qui bien qu’ayant le potentiel, n’ont pas toujours les moyens d’accéder aux meilleures universités. Au lieu de se rabattre sur une éducation au rabais, ils ont choisi de se transformer en véritables autodidactes et de se servir de l’abondance des ressources qui se trouvent sur le web et ailleurs, pour se faire une éducation taillée à leur envie, adaptée aux demandes du marché de l’emploi et comparable à celle des grandes écoles.

Damadoran, l’un des meilleurs professeurs d’évaluation d’entreprise, mets la totalité de ses cours à la disposition du grand public depuis plusieurs années. Robert Schiller célèbre professeur d’économie et de finance à Yale, a ses lectures disponibles à travers Yale Open course…etc. Si cette ouverture n’était qu’une tendance « informelle » jusqu’ici, la décision de Harvard et du MIT d’aller un pas plus loin, la rende « formelle » et durable.

Mais plus encore, cette ouverture donne la possibilité à ces écoles, de cibler et de reconquérir ceux de leurs potentiels clients délaissés dans le sillage de la cherté de l’accès à l’éducation traditionnelle.

Repositionnement :
« L’université de Harvard adhère aux objectifs pour lesquels la charte de 1650 lui a été accordée : « La promotion de toutes bonnes littératures, des arts et des sciences, la promotion et l’éducation de la jeunesse à toutes sortes de bonnes littérature, aux arts et aux sciences et à toutes les autres dispositions nécessaires qui peuvent concourir à l’éducation de la Jeunesse de ce pays. »

Jusqu’ici dans les esprits de beaucoup, Havard ou le MIT étaient associés des lieux physiques et à une éducation de qualité. Pour être de Harvard ou du MIT, il fallait avoir été physiquement étudiants sur leurs campus. Ces écoles ne venaient pas à nous, c’est nous qui allions à ces écoles. Mais avec l’edX, ces écoles n’attendent plus qu’on vienne à elles, elles viennent à nous ; pour elles, il ne s’agit plus seulement d’être présent, mais d’être omniprésent.

Désormais, quiconque a un ordinateur, une bonne connexion internet et le désir d’apprendre, est un potentiel client de Harvard.

Globalisation :
Il y’a un peu plus de sept ans que Thomas Friedman a publié son livre « The World is Flat » littéralement, « Le Monde est plat ». Ce livre fut un réveil de conscience pour la plupart et un essaie prédisant à quoi le monde ressemblerait dans les décennies à venir. S’il était apparemment que la compétition serait désormais globale, il était aussi évident que pour gagner, il fallait agir localement.

Si les entreprises peuvent avec succès installer des succursales, construire des filiales ou accorder des représentations un peu partout dans le monde, cela n’est pas toujours le cas pour les universités, particulièrement les plus prestigieuses. Par Exemple : Coca-Cola peut installer une unité de production au Cameroun et produire le même Coca-Cola au Cameroun que celui qu’elle produit aux Etats-Unis. Par contre, si le MIT ou Harvard peut sans difficulté construire des campus au Cameroun, il est cependant très difficile voire lucrativement impossible, d’avoir les mêmes enseignants aux Etats-Unis et Cameroun sur la même période.

edX apparaît comme la solution magique permettant à ces universités d’aller globale et agir localement, sans toutefois avoir à édulcorer la qualité de leur produit.

Maintenant, qu’est-ce que ces bouleversements impliquent pour des universités comme l’Université Catholique d’Afrique Centrale ? Pour  y répondre il faudrait se poser une autre question: Pourquoi est-ce qu’un potentiel étudiant à l’UCAC dépenserait des millions pour la scolarité, alors qu’il pourrait accéder à une éducation de meilleures qualités et à moindre coûts ?

Pour ma part, l’UCAC ou toute université qui veut survivre, devra prendre un certain nombre de mesures :
1. Renforcer son label et mettre un accent sur la recherche ; 

2. Solidifier son réseau d’anciens étudiants et faciliter son extension ; 

3. Se débarrasser des professeurs au rabais et rénover et revitaliser son corps enseignant avec des professeurs hautement qualifiés et riches d’une expérience locale- l’exemple serait le défunt Dr. Severin Cécile Abega ou encore le célèbre Pr. Pierre Jonathan Bikanda; 

4. Ne pas attendre qu’il soit trop tard, pour se jeter à l’eau : commencer par avoir un véritable site web.
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