lundi 17 octobre 2011

StumbleUpon
0 Cardinal Tumi vs Achille Mbembe : Les Urnes ou les Armes ?

Par Paristocrate:

L’alternance politique au Cameroun se fera-t-elle par la voie des urnes ou par le recours aux armes ? Difficile à dire, car les avis sont partagés et personne ne peut prévoir avec exactitude ce qui se passera.

Aux extrémités de cette question, se trouve des protagonistes et figures de proue de la politique et de la vie sociale au Cameroun : D’un côté on a le Cardinal Tumi et de l’autre côté on a l’historien Achille Mbembe. Ci-dessous, leur avis sur la question.

Achille Mbembe - Dans les circonstances actuelles, aucune alternance par la voie des urnes n'est possible au Cameroun. L'alternance dans ce pays sera le produit soit d'un mouvement armé s'appuyant ou non sur une formation politique et sur des forces étrangères (comme on l'a vu en Côte d'Ivoire); soit le résultat de la mort naturelle de l'autocrate ou de son assassinat; ou encore d'un coup de force par des fractions dissidentes de l'armée. Pour le reste, les voies d'un changement pacifique orchestré par les Camerounais eux-mêmes sont fermées. La prochaine consultation électorale constitue donc, de ce point de vue, un non-événement.

Cardinal Tumi - La violence ne résout rien ! Quand une guerre civile éclate, ce sont souvent les innocents qui meurent avec des enfants sur le dos. Nous préférons continuer comme ça, car ça va changer un jour, cette situation n’est pas permanente.
La conférence épiscopale continue de lutter pour avoir une nouvelle loi électorale. On en avait proposé une mais le ministre de l’Administration territoriale nous a dit qu’on se mêlait de ce qui ne nous regardait pas ! On a donc retiré cette proposition… Il y a encore beaucoup trop de partis politiques au Cameroun. On en compte plus de 200, c’est ridicule ! Pourtant, à l’occasion de la présidentielle du 9 octobre, on a vu quatre partis émerger à côté du RPDC. C’est largement suffisant
Pour ma part, je pense que pour une meilleure analyse des différents avis, il est important de définir ce que l’on considère par alternance politique. La prise du pouvoir par un autre membre du RDPC serait-elle considérée comme alternance ? la passation du pouvoir de Paul Biya le père à Franck Biya le fils serait-elle considérée comme alternance ? Ou alors, l’alternance politique ne serait que la prise du pouvoir par un parti d’opposition ?

A la lecture des propos de l’un et l’autre, l’alternance politique ne se définit par de la même façon : Pour Achille Mbembe, l’alternance politique serait la prise du pouvoir par un individu ou un groupe d’individus libre du joug de la domination de Paul Biya, mais aussi de l’emprise coloniale. Pour le Cardinal Tumi, l’alternance politique serait l’ascension au poste de président par toute personne autre que Paul Biya ou un de ses fils.

Si la succession a Paul Biya par un autre membre du RDPC ou par son fils Franck Biya est considérée comme alternance politique, alors il serait possible qu’il y’ait alternance sans violence: Cette éventualité donnerait raison au Cardinal Tumi. Si par contre, est considérée comme alternance politique la succession à Paul Biya par toute autre personne que son fils ou un membre de son entourage, alors il est fort possible qu’elle passe par le recours aux armes au pire, et par une révolution pacifique au mieux : ce qui conforterait la position d’Achille Mbembe.

Somme toute, à la question de savoir si l’alternance politique au Cameroun se fera par les urnes ou les armes, la réponse est une autre question : Qu’entendons-nous par alternance politique?

StumbleUpon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire