lundi 12 septembre 2011

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8 Que s’est-il passé en Grèce ?

Par Paristocrates:
Imaginez deux pays, disons la Grèce et l’Allemagne.

En Grèce, le capital financier coûte cher, le revenu est essentiellement destiné à la consommation et le niveau d’épargne est bas ; les taux d’intérêts sont élevés et très peu de projets d’investissements sont réalisés par le secteur privé ; la main d’œuvre est moins chère, la balance commerciale tend à être déficitaire et le secteur public représente un large pourcentage du PIB.

En Allemagne par contre, le capital financier coûte relativement moins cher, le niveau d’épargne est élevé ; les taux d’intérêts sont bas et le secteur privé arrive sans difficulté à financer de nombreux projets d’investissements ; la main d’œuvre coûte relativement chère, la balance commerciale tend à être excédentaire et les exportations représentent une large part du PIB.

Voilà à peu près quelle était la structure économique de ces deux pays avant leur adhésion à l’euro. Maintenant, que se passerait-t-il si ces deux pays décidaient de former une union monétaire ?

Les Grecques vont être capables de lever des fonds sur le marché à des taux d’intérêts aussi bas que ceux de l’Allemagne- en bénéficiant de la crédibilité de l’union monétaire. Cette facilité d’emprunt va accroitre la base monétaire dans un premier temps, puis la masse monétaire dans un second temps. Si la Grèce n’était pas encore dans l’union monétaire, cette expansion monétaire résulterait en une dévalorisation de la drachme afin de maintenir l’équilibre. Mais la Grèce étant dans une union monétaire, cette entrée de capitaux et ce déséquilibre continuera et durera tant qu’elle peut bénéficier de la garantie implicite de l’union monétaire, c’est-à-dire de l’Allemagne dans notre cas.

Cette conjoncture nouvelle, facilitera le financement des projets d’investissements publics et privés. La réalisation de ces projets d’investissements, va accroitre la demande pour la main d’œuvre grecque ; l’accroissement de la demande pour la main d’œuvre grecque va augmenter le coût de la main d’œuvre et par ricochet, le revenu des ménagers. L’augmentation du revenu des ménages, va susciter dans une grande mesure, une flambée des prix à la consommation, et dans une moindre mesure, une augmentation de l’épargne.

Le seul problème : Tous ces développements sont financés par la dette et non pas un gain de compétitivité. Bien au contraire, ces développements vont progressivement éroder la compétitivité grecque au profit de l’Allemagne.

L’accroissement du revenu dans les pays pauvres- dans notre cas la Grèce- va accroitre les exports des pays compétitifs- dans notre cas l’Allemagne. Les pays les plus compétitifs développeront des excédents commerciaux pendant que les pays pauvres continueront de s’abreuver au robinet de la dette.

Quelques statistiques pour soutenir cette analyse :
«Le PIB- Selon les estimations de la Commission Européenne, l’euro était sous-évalué pour l’Allemagne d’environ 10% à 12% au premier trimestre 2009 ; de 2000 à 2009, la part des exportations dans le PIB de l’Allemagne a augmenté d’environ 14% ; le commerce bilatéral des biens avec chacun des PIIGS s’est amélioré pour l’Allemagne : le déficit commercial bilatéral de la Grèce avec l’Allemagne a augmenté de 1.5% du PIB grecque en 1999 à 2.5% en 2008. D’autres pays comme la Hollande, ont vu des développements similaires avec les PIIGS, ce qui suggère que tous les pays à excédents ont bénéficié d’un accroissement de la demande des pays faible de la zone Euro.



Le coût du travail- De 2000 à 2009, le coût unitaire du travail a augmenté de 7% en Allemagne, comparé à une moyenne de 31 pourcent dans PIIGS au courant de la même période. La croissance modérée du coût unitaire du travail en Allemagne est plus due à une croissance limitée des salaires qu’a une croissance de la productivité : de 2000 à 2009, les compensations au augmenté de 11 pourcent en Allemagne ce qui est inférieur de 36 point de base à la moyenne de l’augmentation des compensations dans les PIIGS.

La Consommation des ménages- De 2000 à 2009, la part du PIB attribuée à la consommation des ménages s’est contractée de 5.8 point de base (0.058%) en Allemagne, pendant qu’elle gagnait une moyenne de 0.6% dans les PIIGS. » Carmergie Endowment
Que s’est-il passe en Grèce ?

L’adhésion de la Grèce à l’Euro, a permis de lever les fonds sur les marchés de capitaux à des taux d’intérêts artificiellement bas. Ce flow de capitaux, à travers le financement des projets d’investissements publics et privés a entraîné une augmentation du coût de la main d’œuvre, et une augmentation du revenu et des prix à la consommation. L’augmentation du coût de la main d’œuvre d’une part, a érodé la compétitivité de l’Etat grecque et abaissé sa capacité à exporter ; l’accroissement du revenu d’autre part a stimulé les importations et affecté la demande des produits locaux.

Aujourd’hui, la Grèce est endettée et la Grèce n’est pas compétitive ; la Grèce a besoin d’excédents commerciaux, mais la Grèce ne peut pas dévaluer l’euro à son seul profit ; L’euro souffre désormais de la Grèce, mais l’euro ne peut pas se débarrasser de la Grèce ; la crise financière de 2008 a réduit la marge de manœuvre de beaucoup de gouvernement en ce qui concerne la dette souveraine ; l’économie mondiale reste morose et la probabilité d’une double récession augmente très vite.

Que se passera-t-il dans la zone Euro?

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8 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Paristo ! Juste une question, quelle intérêt la Grèce aurait à quitter l’euro ?

Anonyme a dit…

Le scénério est probable,cependant,n’est-il pas souhaitable que la Grèce décide elle-même de faire défaut et de prendre de manière concomittante, l’initiative de quitter l’Euro afin d’épargner aux autres pays de la zône monétaire, l’accentuation d’une crise à plusieurs inconnues.

Qu’en pensez-vous ?

Anonyme a dit…

Les pauvres et les riches c’est comme l’eau et l’huile : Ça ne se mélange pas.

Alain a dit…

L’Europe est un projet qui après maintenant plus de 60ans.a la plus l’aire d’un rêve que d’une réalité : Les divergences parlent plus fort que les points de convergences, la solidarité ne vaut que quand chacun est responsable de ses problèmes. Et ce sont les mêmes Européens qui veulent nous donner des leçons en Afrique sur comment gérer nos Etats ou sur l’importance de la solidarité.

Anonyme a dit…

Ou étaient la BCE, la France et l’Allemagne quand la Grèce s’abreuvait au robinet de la dette ? Le premier dormait, le second débattait de l’immigration clandestine et le troisième exporter pour vendre au Grecque.SDDL

JC a dit…

Avec la débâcle qu’est en train de vivre l’euro, doit-on encore faire confiance à la France pour nous guider dans la gestion du franc CFA ? Je pense que les pays de la zone franc devraien sérieusement réfléchir à la pertinence du franc CFA, qui selon moi, n’est rien d’autre qu’un moyen donc se sert la France pour tenir les anciennes colonies en dépendance.

Anonyme a dit…

Quand on mélange les pauvres et les riches un profit toujours aux dépends de l’autre.

Anonyme a dit…

Il semblerait que la zone CFA ait des choses à apprendre la zone Euro.

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