mercredi 9 décembre 2009

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0 Cameroun : A Propos Des Excédents Budgétaires

La question des excédents budgétaires fait couler beaucoup d’encre et de salive ces dernières semaines. Les profanes comme les experts en finance et/ou économie, ce sont atteler à faire entendre leur opinion.

Dans une lettre adressée à l’assemble Nationale Babissakana dit :
« La première question qui devrait préoccuper les Députés de la Nation face à ces excédents budgétaires récurrents et d’une telle ampleur - surtout en les mettant en relation avec les souffrances du Peuple - est celle de leur origine.

Ensuite, en dehors de l’exercice 2006 où les recettes ont été supérieures aux prévisions du fait essentiellement de la hausse des prix du pétrole, l’origine principale des excédents budgétaires est la non-exécution des dépenses publiques et surtout des dépenses d’investissement .»
Comme on peut le constater, Babissakana, a déjà répondu sa question : Les soi-disant excédents budgétaires proviennent de la non-exécution des dépenses publiques et surtout des dépenses d’investissements.

Avant toutes choses il convient de clarifier ce que c’est qu’un excédent : Un excédent est un excès de recettes sur les dépenses au cours d’une période donné. Cet excès peut provenir du fait que les dépenses sont inferieurs à ce qui a été prévu ou alors les recettes sont supérieures. Remettre à plus tard des dépenses obligatoires d’aujourd’hui, ne constitue en aucun cas une réduction des dépenses.

Prenons un exemple pour être concret, votre voiture est en panne et vous avez absolument besoin d’elle pour fonctionner, si vous aviez prévu 100 dans votre budget pour la réparer cette année, remettre la réparation de votre voiture à l’année suivante et prétendre que vous avez un excédent de 100 serait absolument trompeur.

Dans ce contexte, peut-on vraiment parler d’excédents budgétaires pour le gouvernement camerounais? Je pense que non, car tous ce que le gouvernement fait, c’est déferrer des dépenses pour un période postérieur hors budget. En réalité c’est de la triche, mais le but principal du gouvernement, c’est de présenter un excédent budgétaire.

Pour comprendre l’importance pour le gouvernement de présenter des excédents budgétaires, le raisonnement par l’absurde pourrait mieux nous servir. Imaginons que le gouvernement décidait plutôt de gérer un déficit et d’investir dans des infrastructures et projets de développement dont notre économie à tant besoin.

La première conséquence d’un déficit c’est que le gouvernement devra emprunter ou trouver d’autres moyens pour le financer (taxes). Ce que la plupart de ceux qui critiquent la politique des excédents budgétaires semblent vouloir éviter.

Une augmentation de l’endettement du gouvernement entrainerait une augmentation du risque défaut. Face à l’augmentation du risque de défaut, les investisseurs et partenaires commerciaux refuseraient de tenir les francs CFA et toutes autres biens libellés en cette monnaie. Cette attitude porterait alors une pression descente sur le franc CFA, et sur la France qui pourraient se voir dévaluer une fois de plus le franc CFA.

De plus, si le gouvernement s’engage dans une politique de déficit budgétaire, il devra par la suite prendre des mesures inflationnistes pour combler ce déficit. Une des mesures incontournables consisterait à augmenter les taxes qui, selon le secteur privé sont déjà trop élevés. Une telle initiative, susciterait une flambée des prix, pertes du pouvoir d’achat des populations, et peut être, de nouvelles manifestations pour protester contre la vie chère.

Enfin, dans le contexte actuelle ou l’accès aux capitaux par le secteur privé est déjà difficile, un déficit budgétaire causerait à coup sûr un effet d’éviction. L’Etat compétirait avec le secteur privé pour l’accès aux capitaux, la demande pour les capitaux augmenterait, et les intérêts bancaires qui sont déjà très élevés, pourraient atteindre de nouveaux sommets. La conséquence serait un essoufflement du secteur privé, et une chute des investissements engagé par ce dernier.

La chute des investissements du secteur privé, aura pour conséquence la baissent des recettes fiscales. Face à une telle situation, l’Etat devra soi emprunter davantage, soi augmenter a nouveau les taxes. En empruntant davantage l’Etat creuserait le déficit et la possibilité de dévaluation du franc CFA se fera plus forte. Si par contre il choisit d’augmenter les taxes, alors ses recettes fiscales connaitront une chute comme le montre la courbe de Laffer.

Est-ce que tout ça veut dire que supprimer les dépenses d’investissement est une bonne chose ? Absolument pas. Est-ce que ca veut dire la gestion du gouvernement est la meilleur que nous puissions avoir ? Carrément non Le gouvernement devrait trouver les moyens de créer de réels excédents budgétaires et sortir de cette stratégie qui consiste à présenter des excédents fictifs.

Pour l’instant et dans le contexte actuelle, les excédents fictifs font plus de bien que de mal, ils garantissent une certaine stabilité- que ne durera pas si on ne change pas de stratégie- une stabilité que nous ne méritons pas. C’est pourquoi parler des excédents comme si ils étaient réels, est un leurre et une perte de temps. Il serait profitable que nous orientions la discussion sur les voies et moyens à prendre et à mettre en jeux pour créer des excédents réels. Les medias joueraient un grand rôle en orientation la conversation dans ce sens.

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