vendredi 30 octobre 2009

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13 Diaspora : Une Confusion Qui Coûte Chère


Quand on s’interroge sur la contribution de la diaspora au développement du pays, à chaque fois qu’on essaye de faire un inventaire de sa contribution, on en ressort avec une liste d’actions d’individuelles. Ces actions, animées par la bonne volonté des initiateurs, sont pour eux des actions de développement. Cependant elles ont une étrange similitude avec ce que l’on appelle actions d’urgence.

Pourquoi c’est important de faire la différence ? Parce que si nous nous trompons dans la définition, alors nous nous tromperons dans l’exécution. Si nous prenons pour actions de développement ce qui n’est pas, alors il fort probable que nous ne soyons jamais capable de créer le développement.

Pourquoi j’aborde le sujet ? Parce qu’à la suite de la discussion que nous entretenons sur le développement, il est évidement de constater que grand est le nombre de personnes qui confondent actions d’urgence et actions de développement. Et, comme on le sait, il est difficile de profiter du vent si l’on ne sait pas dans quelle direction on voudrait aller.

Voici ci-dessous les propos d’une demoiselle (dame) pour qui on a beaucoup d’estime, pour son engagement, sa volonté de contribuer au développement du pays, mais aussi sa vivacité intellectuelle. Cependant, si elle peut se tromper dans son approche du développement, à combien plus forte raison ceux qui n’ont pas sa capacité de réflexion

Extrait de sa réponse à Davy Nzekwa, vous pouvez la lire en integralite ICI
Je contribue à changer mon pays quand un ami, issu de la catho, contrôleur de gestion dans une banque du pays m'écrit pour savoir comment est organisé le contrôle de gestion de l'entreprise dans laquelle je travaille à l'étranger. Je lui parle des derniers logiciels à la mode, des dernières pratiques, des dernières stratégies. Lui, les comprend, les adapte tant que faire se peut à son environnement et à ses contraintes et les met en place. Son service se porte mieux et l'économie du pays par ricochet.

Je contribue à changer mon pays quand une amie, issue de la catho, travaillant à la Direction des impôts à Yaoundé, m'écris en me demandant si j'ai déjà entendu parler de "L'optimisation des bénéfices fiscaux tirés des institutions financières". Toutes les recherches, les suggestions et les orientations que je lui donne sur le sujet sont une certaine contribution pour mon pays.

Je contribue à changer mon pays quand justement je contribue à organiser, avec les élites de mon village, des journées médicales gratuites dans mon village. Durant ces journées, tout malade est ausculté gratuitement et les médicaments prescrits sont gracieusement offerts. Nous obtenons ces résultats d'une part par mobilisation des médecins (diasporien) du village qui y retournent en vacances et y donne de leur temps et de leur expertise
Comme vous pouvez le remarquer, on constate que dans l’ensemble elle aura été utile à l’instant, mais pas dans le temps. Que feront ses amies quand elle ne sera pas là ? Ou alors que fera quelqu’un ayant le même besoin, s’il ne la connait pas et s’il n’a pas d’amie gestionnaire à l’étranger- la majorité est dans ce cas?

Oui pour les journées médicales gratuites, mais après quand ils (les médecins de la diaspora) prennent l’avion, que doivent faire ces villageois ? Doivent-ils retourner à leur maladie en attendant que ces généreux diasporiens reviennent - s’ils ont la chance de survivre - et ceux qui ne sont pas de leur village ils font comment ? D’abord pourquoi aller seulement dans son village ? N’aurait-il pas été astucieux d’aller dans le village où le besoin est crucial ?

Ne pensez-vous pas que ça aurait été bénéfique pour ses amies et pour la population toute entière si elle et les gens de même volonté mettaient en place un centre d’information ou de veille sur les nouvelles méthodes de gestion dans le monde ? Ne pensez-vous pas, que ce centre représenterait une véritable valeur ajoutée non seulement pour ses amies, les populations d’aujourd’hui mais aussi à venir ?

En fédérant ainsi les efforts, ses amies bénéficieraient non pas seulement de son savoir à elle, mais d’un savoir collectif que l’on aura capitalisé et matérialisé dans ce centre d’information. Et au fil des ans, la valeur du centre grandirait avec la continuité des apports. C’est ainsi que tous ces centres que nous voyons ailleurs ont été créés, c’est ainsi qu’une nation se développe : les ascendants amassent pour les descendants.

L’intelligence d’un homme seul est pire que de la folie, et l’impact de ses actions est un point m’aura-t-on appris, et Comme le fer aiguise le fer, comme les idées de l’homme affinent les idées de l’homme : la diaspora bénéficierait à travailler en concertation et à agir tous ensemble comme un tir groupé.

Sa question au final

… comment mesures-tu l'intervention et les actes de la diaspora?
La mesure des actions et actes de la diaspora peut se faire sur la base d’un ensemble de critères, parmi lesquels :
1. Le test du temps : Quel est l’impact de vos actions dans le temps court-terme ou long terme ?

2. Autonomie : Vos actions rendent-elles les populations indépendantes de vous ou dépendantes de vous ?

3. L’étendue de l'impact : l’impact de vos actions est-il local ou global ?

4. le progrès : Vos actions laissent-elles les populations dans leur condition initiale ou alors dans des conditions meilleures ?

5. Les générations futures : les générations futures bénéficieront-elles de ce que vous avez accompli ?

Une question pour terminer, quelle différence faite vous entre actions de développement et d'urgence ?

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13 commentaires:

Landry N a dit…

Salut Africa,

L’intelligence d’un homme seul est pire que de la folie, et l’impact de ses actions est un point m’aura-t-on appris, et Comme le fer aiguise le fer, comme les idées de l’homme affinent les idées de l’homme : la diaspora bénéficierait à travailler en concertation et à agir tous ensemble comme un tir groupé

Je pense que ce passage vaut la peine des repris. Si seulement nous pouvions en dégager et appliquer les leçons, nous accomplirons certainement beaucoup de choses. Nous avons intérêts si nous voulons a agir dans un cadre collectif et sortir des schémas individuelles.

Anonyme a dit…

L’urgence c’est pour la diaspora, le développement c’est pour les résidents. C’est ca la réalité actuelle, et elle est triste.

Serge Olinga a dit…

Quand on parle de la diaspora on parle de qui? Les intellectuelles de la diaspora ou alors les ouvriers de la diaspora? Je pense que la distinction est aussi importante à ce niveau.

Je serai également intéressé de savoir ce qu'Africa pense que L'Etat pourrait faire pour encourage le retour de la diaspora et les inciter à participer davantage au développement du pays.

Dieudonné Ibrahim a dit…

C’est bien de voir que le débat comment à avancer vers des choses concrètes. Si nous commençons par faire la différence entre urgence et développement comme le proposer Africa, nous aurions fait un grand pas en avant.

Car comme on le peut constater des gens animés de bonne volonté posent des actions qu’ils croient être des actions de développement et pourtant cela est loin d’être le cas.

Il essentielle voir impératif d’avoir une vision à long terme.

Armand Ngassa a dit…

Petite parenthèse sur la diaspora avant de commencer mon propos: le problème à mon avis, lorsqu'on parle de diaspora, c'est qu'en fait la diaspora ne correspond à rien. Un vaste ensemble de Camerounais d'origine diverses, répartis dans le monde entier, ne se connaissant pas, n'ayant ni les mêmes objectifs, ni les mêmes ambitions. De ce point de vue, mais aussi de celui de l'impact des actions, un regroupement et une structuration des actions est plus que souhaitable.

Cependant, la vision à long terme est-elle forcément opposable à la notion d'urgence? Pourquoi reprocher à un camerounais (ou à une camerounaise) de l'étranger d'agir sur un plan local, selon ses possibilités, là où l'Etat camerounais, avec un budget de 2300Milliards, ne fait rien? Je ne parlerai pas des locaux, pour éviter de tomber dans une polémique inutile. La situation économique dans notre pays, celle des populations, est telle qu'à mon avis faire l'impasse sur l'urgence c'est aller droit dans le mur. C'est triste, mais c'est vrai. Patrick, tu demandes pourquoi ne pas aller dans le village où le besoin est le plus crucial. Le fait est que le besoin est crucial dans BEAUCOUP de villages. Il faut bien commencer quelque part; et une action dite d'urgence n'est, à mon avis, pas exclusive d'une action de long terme. Cela n'empêche pas que des actions de long terme soient mises en place. Tout au contraire, les deux approches sont complémentaires.

Mais la question qui se pose, à ce stade, rejoint celle de Serge: "qui va organiser ce regroupement?" Aujourd'hui des associations existent, mais elles sont de petites tailles et de faible impact. De grands investisseurs aussi, mais ils agissent de manière isolée. Mais quitte à prêcher dans le désert (une fois encore), je citerai l'exemple de la Côte d'Ivoire, dont l'ambassadeur en France (ancien ministre de l'Education Nationale), a été chargé d'un projet ambitieux: le recensement des ressources (sur le plan des compétences) de la diaspora ivoirienne en France, afin de l'associer en priorité aux actions de développement. La question qu'il a posée semble évidente, mais nous devons nous la poser (du moins, nos dirigeants): pourquoi aller chercher des experts étrangers, des sociétés étrangères auxquelles nous paierons des sommes faramineuses alors que nous avons des compétences locales qui peuvent délivrer le même travail (et qui, en plus, n'expatrieront pas leurs bénéfices)?

L'Etat étant le seul capable de faire un regroupement aussi large, il ne restera plus que des groupes plus homogènes mais de plus petite taille (anciens de la Kto, par exemple) dont l'impact, forcément, sera moindre. Mais à mon avis, dans la construction d'un pays, toute aide est bonne à prendre.

La structuration des actions, l'élargissement des ressources est souhaitable, mais ne peut se faire que dans un cadre supra. Ce cadre, soit on attend que l'Etat le mette en place (on va attendre longtemps, à mon avis), soit on en cherche un. tel doit être, à mon sens, l'axe de notre réflexion et de nos actions.

Armand N. a dit…

@Serge

Je pense qu'il soient ouvriers ou intellectuels, leur apport est nécessaire. Les exemples sont nombreux, de pays ayant pris leur essor grace a leur diaspora, ou d'autres ne survivant pratiquement que grâce aux transferts de celle-ci.

Autant on attend des intellectuels qu'ils exercent un sens critique vis à vis de la gestion actuelle et de l'importation de modèles tout jolis et tout beaux venus d'Occident, d'avoir une vision pour leur pays et de fixer des objectifs de développement sortis d'autre chose que d'un IBM de Bretton Woods; autant on attend des "ouvriers" (comme tu les appelle) leur acharnement à la tâche, les méthodes de management qu'ils ont connues (ou subies).

Les uns ne vont pas sans les autres, et nous avons besoin des deux. Quitte à chacun de voir de quelle manière la pierre qu'il apportera sera la plus solide possible.

Flora M. a dit…

Armand,

A la lecture il ne me semble pas que l'auteur soit en train de reprocher les initiateurs d'actions d'urgence, ou alors d'opposer actions d'urgence a action développement. Une telle analyse est complètement hors du contexte a mon avis.

Quand on lit l'extrait, on se rend bien compte, que l'auteur à qualifié ses actions d'actions de développement, cependant et je conviens avec Africa, il 's'agit essentiellement d'actions d'urgence.

On est donc en train de confondre urgence et développement et c'est là objet du débat. Je ne pense pas qu’il s’agisse de reprocher ou d'opposer quoi que ce soit, mais définir les choses avec précision.

Si les choses ne sont pas définies clairement les conséquences peuvent être désastreuses. Par exemple si elle pose des actions d'urgence et s'attend a ce que ces actions apporte le développement, on convient qu'elle attendra longtemps, car tu ne pas planter du Mais et espérer récolter des Melons.

Je pense qu'il faut remettre les choses dans leur contexte et porter le débat sur les arguments et les possibles solutions. Vous posez des questions pertinentes, qui va organiser ce regroupement ? Pourquoi aller chercher des experts étrangers alors que nous avons des compétences locales ? J’y ajouterai comment est-ce que l’Etat pourrait s’organiser pour encourage le retour de la diaspora peut être ils ne savent pas comment procéder (il faut bien leur donner le bénéfice du doute).Voila ce sur quoi nous devons concentrer notre attention.

J’espère vivement que la suite du débat portera sur du concret.

Anonyme a dit…

Africa
Il me semble que nous ayons un gouvernement et je crois savoir que dans tout pays qui se respecte c'est a l'executif de poser les actes concrets de developpement.

En tant que citoyen chacun aspire a apporter sa pierre a la construction nationale et dans ce cadre les camerounais de l'etranger se batttent a leur niveau chacun comme il peut pour envoyer des ressources aux pays.
tu diras qu'ils ne font qu'aider leur famille et je te repondrai que ces familles consoment et/ou creent de petites affaires qui sont tout au moins assujeti a l'impot liberatoire, impot qui finira dans les poches de certains budgetivores (revoir donc le role de l'impot).

a qui la faute des lors si les efforts de la diaspora semblent ne pas portez fruit selon toi?

ma conviction est que les efforts de la diaspora seront d'avantage visible lorsque des actions concretes pour facilite les investissements, les retours/integrations seront mises en place par l'Etat. C'est a ce dernier d'organiser un jeu franc et transparent afin que chacun ou qu'il se trouve puisse participer a la construction du pays

Arsene Tatieu

Anonyme a dit…

Flora (si tu permet)
y'a aucune confusion de genre a mon sens.
Lorsque la dame donne l'information a son ami qui la concretise les resultats sont pereins ou non?
La perenite etant essentiellemnt long termiste je voit cette action que vous qualifier d'urgente se transformer en action de developpement
Lorsque quelqu'un m'offre une mangue j'ai deux options: je consome la mangue et je jette le noyeau ou alors je consome la mangue et je plante le noyeau.
A chacun de voir

A. T.

Gisèle M. a dit…

Je pense qu’aider à mettre en place un système de contrôle de gestion avec des outils visant a concrétiser des objectifs non seulement à court- terme mais également long terme est une action de développement car:
-les informations recueillies sont améliorés dans le long terme et le progrès est visible grâce à de meilleures prises de décisions basées sur des informations élaborées.
-les utilisateurs sont autonomes car le système a été implémenté et adapté par eux
-les futurs dirigeants de l'entreprise l’utiliseront et l'amélioreront.

Anonyme a dit…

Bonjour tout le monde
je pense que l'auteur ne débat pas sur si son amie devait ou non poser ces actions. Il dit juste qu'elle a répondu à des situations d'urgence et non de développement donc il ne faudrait pas s'attendre à ce que ces actions produisent du développement.

Thierry TABEKO a dit…

1. Malheureuse "DIASPORA".

Si elle ne fait rien et ne rentre pas dans son pays, elle est insultée;
Si elle fait quelque chose et qu'elle le fait dans son pays, on dit qu'"elle vient avec ses chemises plissées et son parfum très cher" pour faire rêver les gens. Quelle boucle infernale dit donc!

2. Jadis on entendait : "ON" a séparé les Africains en créant des pays, puis "ON" a séparé les peuples en distinguant les ethnies, mais en 2009, bientôt 2010, les jeunes camerounais eux-mêmes se divisent encore plus pour savoir des résidents ou des non-résidents qui a contribué le plus au développement de leurs pays. "Diaspora" qui est tu au fait même?????

3. Patrick en te lisant, on dirait qu'on ne peut changer les choses qu'à l'échelle nationale. Certainement tu es de ceux qui pensent qu’il faut attendre d’être en « poste », à la place de ceux qui sont là maintenant pour changer les choses? Pourtant, ceux qui font un peu chaque jour, dans leur famille, leur quartier, à périmètre humain, au moins eux ont des actions à leur actif.

Bref je plains le sort de cette jeune compatriote qui a cru bien faire en initiant toutes ces actions, elle aurait dû rester au Cameroun, son action aurait eu plus d'impact sur le développement de notre Afrique en miniature.

Tu as totalement raison Patrick, je conseille à cette jeune Demoiselle d’attendre qu'une association "Diaspora" soit créée avant de pouvoir faire encore ce genre d'actions, ainsi le Cameroun sera plus développé, car apparemment si on suit bien ton conseil, vaux mieux l'inaction que le minimum de réalisations que nos situations individuelles nous permettent de faire.

Drôle de conseils!!!! !!!!!!!!! !!

Charles Menye a dit…

Chacun de son point de vue peut avoir raison, mais la raison de chacun produit la bagarre générale. Ainsi va le monde, comme on dit. Et le monde va de bagarre en bagarre, parce que chacun veut faire triompher « sa » raison.

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