samedi 10 janvier 2009

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6 La restauration de rue

Il sera bientôt 12 heures dans les grandes agglomérations du Cameroun : Yaoundé, Douala, Bamenda, Garoua, Bafoussam, Bertoua … L’armée nourricière de la « population flottante » de ces villes surgit des quartiers périphériques, se dirige vers les zones à forte concentration humaine, avec les repas tout apprêtés, mis sur des pousses-pousses, installés dans des taxis, ou transportés par des personnes.















Les « Tourne-dos» comme on les appelle, fleurissent entre 12 et 15 heures, épuisent leurs stocks et le même cycle reprend le jour suivant. Cette forme particulière de restauration nourrit 70 à 80 % de la « population flottante » de nos agglomérations. Il s’agit d’entreprises individuelles gérées par des dames.

La restauration de rue satisfait un besoin : l’alimentation des personnes qui ne peuvent pour des raisons diverses prendre leur repas à domicile. La principale raison étant due à la structuration de nos villes en zones de résidence distinctes et relativement éloignées du centre où les activités sont fortement concentrées. Ceci créant une masse importante de « population flottante », contrainte de prendre au moins un repas en dehors du domicile.

Les prix dans ce segment de restauration varient entre 200 et 700 francs. Le menu est fort simple et très peu varié. Il s’agit de la cuisine du citoyen à faible niveau de revenu. Elle est à cheval entre les plats typiques du terroir et les influences modernes… Seul le plat principal (ou de résistance) est proposé. La quantité offerte au client est de nature à combler ses attentes. D’ailleurs, la proximité entre la tenancière et le client la rend modulable ou flexible. L’écoulement quotidien des stocks apprêtés est sans nul doute la preuve de la satisfaction de la cible pour ce qui concerne les types de mets, et les qualités organoleptiques.

Cependant, la qualité des intrants et du processus qui conduisent à l’output sont les éléments à corriger dans cette activité. Le souci de rentabilité pousse les promotrices à choisir les inputs bas de gamme, avariés, ou simplement impropres à la consommation. D’autre part, la qualité du processus n’offre aucune garantie quant à la valeur nutritionnelle. Ces braves dames n’ont aucune expertise et ne sont sujettes à aucun contrôle sanitaire ! Elles se sont improvisées restauratrices pour s’auto-employer. La cuisine est faite à domicile, avec des moyens archaïques et dans des conditions de salubrité douteuse. Les repas sont en effet servis en bordure de routes et à ciel ouvert. La vaisselle est nettoyée sommairement. « C’est Dieu qui nous protège » disent les camerounais(e)s désabusé(e)s.

La relation entre la qualité de l’alimentation et le bien-être de la personne et de manière subséquente celui du corps social est certaine. Cependant il n’existe aucune norme ou contrôle effectif au Cameroun en matière de restauration et encore moins une politique nationale nutritionnelle en lien avec la santé publique. Il suffit de se rendre à l’entrée des écoles pendant les pauses pour se rendre compte de la gravité de la situation. Tout et n’importe quoi y sont vendus !

Il est par contre possible de subvertir cette situation par une forme de restauration populaire et industrielle, qui capitalisera les avantages du « tourne-dos » tout en minimisant ses faiblesses ? Il nous semble qu’il y’ait là une opportunité d’affaire et une urgence de santé publique.


Francis Youmbi
Responsable marketing
Margacam Sarl



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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Les trois principaux éléments qui attirent les populations vers ce type de restauration sont : Le gout, la diversité des mets, les prix bas.

Industrialise c’est bien, mais je me pose deux questions tout de même :
Comment conserver le gout dans le cadre d’une production industrielle ?

Les habitudes de consommation étant hétérogènes, les différents segments sont ils suffisamment attractifs pour suggérer processus d’industrialisation ?

Qu’est-ce qui indique qu’un processus d’industrialisation conduirait à des prix moins élevés où alors semblables à ceux pratiqués actuellement ?

Anonyme a dit…

la restauration de rue tient compte de la realite socioculturelle et l'industrialise serait la detruire on se retrouverait avec des fast food dont la qualite sera d'avantage mediocre(ya qu'a voir ce qui se passe aux states)
cependant les autorites competantes doivent etablir une reglementation pour cette activite en imposant des normes d'hygienes un cadre approprie et en procedant a des controles systematiques

Anonyme a dit…

Est ce que les conditions de salubrité sont meilleures dans les autres modes de restauration au cameroun? ça reste a vérifier

Anonyme a dit…

1- Peut-on industrialisé en conservant un prix aussi bas? Tout élément supplémentaire pour améliorer ce service va entrainer une augmentation certaine du prix. Si la dame accepte d'améliorer la manière de faire la vaisselle, elle va aussi demander que vous payer un peu plus! A plus forte raison les grandes firmes! Industrialiser ne serait peut-être pas la solution idéale.

2- A mon humble avis, la solution médiane pourrait se trouver au niveau du facteur ''proximité''. Car c'est la variable majeure qui justifie cette activité. Si nous avions tous la possibilité de déjeuner chez nous à midi, nous le ferions. La solution se trouverait elle alors dans le procédé qui permettrait d'avoir la nourriture qu'on veut (rapport quantité/qualité/prix) sans se déplacer. Faudrait-il donc regarder du coté des services traiteurs avec livraisons sur commande en 15 mn...Cette proposition me semble plus vraisemblable comme palliatif.

3- je terminerais en nuançant ma conclusion. Il ya un facteur qu'on semble négliger qui pourtant s'avère à bien des égards un élément incontournable surtout pour nous africains: le contact social. Je crois que bcp de personnes y vont pour rencontrer des amis, des voisins, des camarades, bref entretenir ou se faire de nouvelles connaissances. Cet argument apparait d'autant plus frappant que les choses évoluent en réseau de nos jours. Ne pas rentrer chez soi manger pcq on veut rencontrer des gens: je pense que c'est un point sur le quel on pourrait éventuellement se pencher pour mieux analyser ce phénomène.

Anonyme a dit…

le service traiteur aura forcement un cout plus eleve, l'amaenagement de cadre adequat avec un minimum de salubrite et un acces a l'eau resoudrait le probleme sanitaire qui entoure la restauration de rue

Anonyme a dit…

le repas comme lieu de socialisation en Afrique semble être un élément fondamentale. Au-delà de la qualité et de la quantité de l'offre, la convivialité devra certainement faire partie du package offert au client. Il est presque certtain qu'une solution qui améliorerait la qualité de l'offre en isolant l'individu pourrait être un échec commercial.

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