lundi 22 décembre 2008

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5 Comment financer un déficit previsible?


L’année 2009 s’annonce périlleuse, si rien n’est fait, beaucoup vont en pâtir. Dans un de mes articles, je parlais de la prévision budgétaire pour l’année 2009. J’indiquais que le gouvernement camerounais était un peu trop optimiste sur l’avenir de l’économie mondiale. En fait, il prévoit que le baril de pétrole s’échangera à un prix moyen de 68 dollars au courant de l’année 2009.

Cette semaine, le baril de pétrole s’est échangé à un prix moyen de 35 dollars. Les recettes pétrolières représentent ¼ du budget de l’Etat Camerounais. Quand nos recettes pétrolières diminuent de moitié (35 dollars contre 68), l’Etat enregistre un déficit de l’ordre de 1/8 de son budget total. En d’autres termes, l’Etat a perdu 788 millions de FCFA par jour au courant de la semaine qui vient de s’écouler.

Le prix du baril restera bas au courant de l’année 2009. Aux Etats-Unis, la fédérale réserve a baissé ses taux d’intérêt a une valeur de 0% : L’argent est désormais gratuit ! Cette mesure monétaire est une solide indication du malaise de l’économie américaine et mondiale. Si cette situation perdure, les experts s’accordent à dire que le baril de pétrole s’échange à prix moyen compris entre 28 et 30 dollars.

Si rien n’est fait, le gouvernement camerounais ne tiendra pas ses promesses de développement : Beaucoup de projets seront renvoyés aux calendres grecques et des mesures drastiques seront prises. Des routes ne seront pas construites, les employés de l’Etat ne se feront pas payer leurs salaires, les habitants des zones rurales n’auront pas accès à l’eau potable, et le secteur privé deviendra une proie facile.

Le gouvernement veut financer le déficit prévisible (287miliards de FCFA environ) en augmentant l’assiette fiscale (lire). Je pense qu’il se trompe et pour deux raisons :
1. la demande pour l’essentiel de nos produits est élastique, une augmentation de l’assiette fiscale entrainera une augmentation des prix qui, aura pour corollaire une réduction de la consommation.
2. En imposant des prix plafonds effectifs aux entreprises, elles réduiront leur production, licencieront des employés, et entraîneront la chute du PIB.

Par contre, les banques camerounaises sont en surliquidité. Une politique monétaire, serait bien plus efficace qu’une politique fiscale.

1. Les banques
Avec la coordination de la Cobac et de la BEAC, l’Etat devrait demander aux banques de faire des prêts d’investissement et des prêts à la consommation. Un pourcentage de ces prêts étant garanti par l’Etat. Le résultat d’une telle action va : déconstiper le secteur bancaire, dynamiser le secteur privé et l’entreprenariat, et évidemment contribuer a une augmentation des recettes fiscales.

2. Les Ménages
Il faudrait stimuler le marché de l’immobilier, en encourageant les ménages à prendre des emprunts. Les emprunts étant garantis par les maisons et les salaires des individus. Une telle mesure aurait pour effet la revitalisation du secteur de l’immobilier, mais plus important elle amènerait certaines personnes à sortir de l’informel pour bénéficier de ces avantages. Et comme dans le premier cas, les recettes fiscales seront augmentées.


3. Le reste du Monde
Parce que le marché immobilier camerounais sera attractif, que le pouvoir d’achat sera augmenté, et que le secteur privé sera redynamisé, les IDE y trouveront un intérêt. Une augmentation des flux étrangers vers notre pays, aura entre autres effets, l’accroissement des recettes de l’Etat.

Le gouvernement doit donc prendre conscience de son trop d’optimisme et du déficit budgétaire auquel il fera face ; utiliser une politique monétaire et non une politique fiscale pour financer le déficit, et s’appuyer sur trois des 7 agents économiques-dont les banques, les ménages et le reste du monde.


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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Africa,

J'ai lu avec beaucoup de plaisir et d'attention votre article. Je suis de votre avis, une de constipation du system bancaire pourrait stimuler bien des pans de notre économie.

Toutefois, vous avez indiqué que, L'Etat se poserait comme avaliste pour les emprunts effectues par les banques. Mais vu que notre Etat n'a pas toujours été solvable, que se passera-t-il si : les clients des banques font défaut, et que l'Etat ne soit pas en mesure de rembourser les emprunts qu'il a garantis ?

Je travaille dans le secteur bancaire, et ca me ferait plaisir si vous pouviez apporter des éléments de réponse à ma question.

Merci

Félix AKA

Anonyme a dit…

Je pense qu'il ne faut pas croire que les choses sont simples, car ce n'est pas vrai. Si le diagnostique posé me semble juste, les solutions préconisées le semblent un peu moins.
D'abord la fameuse surliquidité des banques camerounaises dont tout le monde parle temps. Pour moi c'est une sorte de mythe. Comme si les banques avaient de la liquidité posée quelque part, liquidité ne servant à rien, et n'appartenant à personne, liquidité qui ne demande qu'à être dépensé.
C'est une vision très simpliste de la chose. C'est la raison pour laquelle depuis qu'on en parle rien n’est fait. Je pense que l'argent qui est en banque appartient aux ménages et aux entreprises en excédent de trésorerie. Je pense que les banques ne demandent qu'à financer des projets viables, pour se faire une marge et récupérer les dépôts de ses clients. Mais elles en trouvent très peu et/ou elles sont frileuses. Et pourquoi seraient-elles frileuses? C'est là où je crois que le serpent se mord la queue : l'environnement, le climat des affaires ne permet pas d'être en confiance (corruption, justice peu fiable,...). Qui doit veiller à ça, c'est l'Etat.
D’autres part, les banques telles qu’on les connait au cameroun, ne sont pas apte à financer des investissements, plus 50% des dépôts étant à vue, c'est-à-dire exigible à tout moment par leurs clients.
En plus, à vouloir faire financer l'immobilier social par les banques depuis les années 80, les usa ont créé la crise des subprimes qu’on connait aujourd’hui.
Je pense que les banques ne peuvent pas se substituer à l'Etat pour financer l'investissement social. Et l’histoire l’a clairement démontré.
En plus, comme le dit si bien Felix, l'Etat camerounais n'étant pas fondamentalement solvable, sa garantie n'est pas rassurante non plus.
Donc, si le diagnostique me semble bien posé, la solution apportée me semble simpliste et pose d'autres problèmes.
Mais c'est bien de se creuser les méninges, les choses ne sont pas aussi simple qu'on le croit.
Peut être d’autres intervenants auront de meilleures idées ou trouveront que je me trompe,…

Anonyme a dit…

La surliquidité des banques est bien réelle, d'ailleurs les banques n'existent pas a le reconnaître.
Les solutions proposées par Africa peuvent paraîtres difficilement faisables, mais aucun pays ne peut se développer s’il ne dispose d’un solide système financier. La fonction première des banques c’est de collecter les dépôts des épargnants et faire des prêts. Les tontines, dans certains cas, jouent un rôle bien meilleur que les banques.

Déconstiper le système bancaire, est une étape cruciale si l’on voudrait voir se développer l’entreprenariat dans notre pays. C’est un aussi un arme qui pourrait être utilisée pour la lutte contre l’informel.

Enfin et pour convenir avec Africa, l’augmentation des recettes de l’Etat dépend de sa capacité à stimuler le secteur privé. En facilitant les conditions de crédits, L’Etat finance de manière indirecte, son déficit.

A la question de comment garantir le risque d’insolvabilité de l’Etat, la réponse est simple : en donnant la primauté aux institutions de crédits, sur les recettes pétrolières que l’on sait constantes.

Martin Nkolo E.

Anonyme a dit…

le role d'une banque c'est justement de collecter les fonds aupres des menages et autres pour les preter soit a d'autres menages soit a d'autres institutions en vu de stimuler l'activite economique
Africa la surliquidite des banques n'est pas un mythe c'est une realite le veritable probleme c'est que cette surliquidite est a court terme. ce qui signifie que les depots sont exigible a 1 an maximun. les banques ne sauraient dans ce cas investir des depots a court terme dans des projets a long terme.


c'est bien de suggerer des prets a la consomation mais combien de menages peuvent fournir des garanties securisantes pour les banques?
combien de menage ont accs au sytee bancaire traditionnels?
dans certaines banques les frais d'ouverture de comptes et le fond de compte frole les 100000 combien de camerounais peuvent se payer ce luxe.

stimuler le marche de l'immoblier mais les memes handicap evoques pour le systeme bancaire se poseront ici. combien dee camerounais ont les moyens de pouvoir se loger dans les maisons de la SIC
la SIC a des appartement flambant neufs sur la route du lycee bilingue de yaounde vendu a 19000000 qui n'arrivent pas a trouver preneur
meme chose pour le projet immobilier de Olembe toujours a Yaounde
ces maisons sont trop cher pour le commun des camerounais compte tenu du fait que le SMIC tourne autour de 23500 et forte concentration de salaire < 100000
c'est pas avec pareil salaire qu'une banque vous fera credit pour que vous puissiez acceder a la propriete immobiliere

simplement et de maniere basique je pense qu'il faut penser a l'agriculture.
beaucoup de payson sont decourage faute de routes et de canaux d'evacuations. les vivres pourissent en brousse a cause de ce deficit.
si l'Etat cree et entretient des pistes rurales met des moyens a la dispositions des paysans pour evacuer leur production, l'arrive massive des produits aura pour effet de reduire les prix sur les marches et augmenter le pouvoir d'achat des populations
l'abondance des produits agricoles peut favorise la creation de micro entreprises de transformation qui creeront des richesses pour l'Etat et les citoyens avec la possibilite de couvrir la sous region
c'est l'une des petites choses qui pourraient nous mettre a l'abris des caprices du petrole

Arsene Tatieu

Fabien N. a dit…

Comme tu le dit élargir l’assiette fiscale ne sera que désastreuse pour l’économie car augmenter les taxes impliques augmenter les prix donc diminuer le pouvoir d’achat.
Pour commencer, l’Etat devra stabiliser les prix ; non pas en injectant de l’argent mais plutôt en améliorant la qualité des services auprès de ses différentes institutions à savoir le port, les aéroports et les douanes. N’oublions pas que pour le port, plus une marchandise y met du temps, plus elle paye des surestaries et plus le propriétaire augmentera sont prix de vente pour encourager la lenteur du gouvernement. Cet exemple peut se reproduire dans plusieurs autre cas…
Aujourd’hui l’Afrique se plein du secteur informel dont elle salua l’essor dans les années 90 car ce fut à cette époque là pour nos gouvernement un moyen fuir ses responsabilités vis-à-vis de la population en croyant solder ses problèmes sociaux. Quelques années plus tard, ces mêmes gouvernements se mettront de décrier ce même secteur informel qu’ils n’ont pas encadré pendant plus d’une décennie… Aujourd’hui formaliser ce secteur ne sera pas chose facile sinon on pourra facilement arriver à une crise sociale ; car il ne faut pas oublier que ce secteur c’est développé sans aucun encadrement de l’Etat qui aurai du l’encadrer depuis le début. Le moyen donc pour nos gouvernements sera à mon avis de maitriser les chaînes de tous les produits et de collecter ainsi les taxes à la source tout en obligeant un maintien des prix. Je m’explique. Prenons un produit comme le riz. Il est importe par une personne, qui ensuite revend à un grossiste sui revend à un demi-grossiste qui revend à un détaillant et le revend en boite au marché. Le gouvernement pourra directement prélever chez l’importateur la TVA de tout le reste de la chaîne, comblant ainsi une très bonne parmi du déficit.
Il ne faut pas oublier qu’actuellement, 20% de notre population supporte 80% de la pression fiscale. Faire arriver tout le monde ou au moins 50% de la population à contribuer comme il se doit permettra au gouvernement de solder une bonne fois pour toute à ses problèmes. Hélas comme toujours c’est bien possible sur papier…

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